“The Ballad of John and Yoko” : La chanson des Beatles qui a révélé le côté “fraternel” de Paul McCartney

En 1969, la vie de John Lennon est de plus en plus mouvementée. Outre son appartenance aux Beatles, Lennon entretenait une relation très médiatisée avec l’artiste Yoko Ono, produisait d’étranges albums d’avant-garde et plaidait fortement en faveur de la paix. Les médias suivent Lennon partout où il va, et aucun endroit n’est à l’abri de l’assaut de l’intérêt. Aucun endroit, sauf le studio.

Même s’il commençait à envisager une vie en dehors des Fab Four, Lennon était toujours dévoué au groupe à la fin de la décennie. Pour canaliser toutes ses frustrations dans l’art, Lennon compose une chanson de voyage intitulée “The Ballad of John and Yoko” (La ballade de John et Yoko), un récit presque factuel du mariage, de la lune de miel et du retour en Angleterre du couple, juste après la fin des sessions de Get Back.

“C’était très romantique”, se souviendra plus tard Lennon. Tout est dans la chanson “The Ballad Of John And Yoko”, si vous voulez savoir comment cela s’est passé, c’est là. Gibraltar était comme un petit rêve ensoleillé. Je n’ai pas pu trouver de costume blanc – j’avais un pantalon en velours côtelé blanc cassé et une veste blanche. Yoko, elle, était tout en blanc”.

Lorsqu’il a terminé la chanson, Lennon veut l’enregistrer immédiatement. Mais il y a un problème : la moitié du groupe n’est pas disponible. Après les sessions stressantes qui l’ont amené à quitter brièvement le groupe, George Harrison était occupé à se rafraîchir pendant ses vacances. Ringo Starr était parti tourner The Magic Christian, le film qui avait imposé un délai strict pour les sessions de Get Back. Lennon ne s’est pas laissé décourager et a décidé d’apporter la chanson à son seul compagnon de groupe qui se trouvait à Londres, Paul McCartney : Paul McCartney.

“John était d’humeur impatiente et j’étais heureux de l’aider”, se souvient McCartney. “C’est une très bonne chanson ; j’ai toujours été surpris de constater qu’à nous deux, elle finissait par ressembler aux Beatles.

En 1969, le partenariat créatif entre Lennon et McCartney a considérablement changé. Alors qu’ils avaient déjà écrit des morceaux en étroite collaboration, leur partenariat musical était désormais largement créé séparément. Néanmoins, McCartney est prêt à se mettre à la batterie pour le morceau de base de “The Ballad of John and Yoko”, à ajouter la basse et le piano tandis que Lennon s’occupe des guitares. La session est remarquablement rapide, les deux musiciens enregistrant et mixant le morceau en une seule nuit.

“La session de ‘The Ballad Of John And Yoko’ a été très rapide”, se souvient l’ingénieur du son Geoff Emerick. “C’était aussi un très bon enregistrement, aidé par l’excellente batterie de Paul et la rapidité avec laquelle ils ont tout fait. Pour le producteur George Martin, la chanson a été un moment fort, voire un signe doux-amer des choses à venir.

J’ai adoré travailler avec John et Yoko sur “The Ballad Of John And Yoko””, dira Martin plus tard. “Il n’y avait qu’eux deux et Paul. Quand on y pense, d’une drôle de manière, c’était le début de leur propre label et de leur propre façon d’enregistrer. Ce n’était pas vraiment un morceau des Beatles. En ce qui les concerne, c’était une sorte d’extrémité fine du coin. John avait déjà quitté mentalement le groupe de toute façon, et je pense que ce n’était que le début de tout cela”.

Pour leur part, ni Harrison ni Starr n’ont semblé trop contrariés de ne pas avoir été inclus dans l’enregistrement de la chanson. “The Ballad Of John And Yoko n’avait que Paul – des autres Beatles – sur la chanson, mais ça allait”, explique Starr dans Anthology. Why Don’t We Do It In The Road” n’était composée que de Paul et moi, et elle a été enregistrée en tant que morceau des Beatles. Nous n’avons eu aucun problème avec ça. Il y a aussi une bonne batterie sur ‘The Ballad Of John And Yoko'”.

“Cela ne me dérangeait pas de ne pas figurer sur l’album, parce que cela ne me regardait pas”, ajoute Harrison. Si cela avait été “The Ballad of John, George and Yoko”, j’aurais été dessus. Pour Ono, la chanson s’est avérée être l’un des derniers moments de véritable collaboration entre Lennon et McCartney. “Paul savait que les gens étaient méchants avec John, et il voulait juste lui rendre service”, expliquera Ono plus tard. “Paul a un côté très fraternel”.

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