À l’époque de The White Album, il était clair que John Lennon avait besoin d’une cure de jouvence. Le chanteur et auteur-compositeur avait accompli tout ce qu’il s’était fixé comme objectif lorsqu’il est entré en studio avec Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Il avait besoin d’un coup de fouet et cette impulsion effervescente d’énergie et d’intention artistique est venue de Yoko Ono.
Bien qu’elle ait reçu une pluie de critiques et d’attaques personnelles en tant que compagne de Lennon, ce dont elle souffre encore, l’influence d’Ono sur les Beatles est indéniable. Il est probable que, sans l’influence d’Ono, Lennon n’aurait jamais atteint le plein potentiel auquel il était destiné dans les dernières années du groupe. L’artiste japonais a fait cela en incitant le chanteur à utiliser à nouveau son art comme moyen d’exprimer les sentiments intenses qu’il éprouvait à l’époque.
L’une des chansons qui a certainement subi l’influence d’Ono est celle de The White Album, “Julia”, qui est une ode à sa mère et une lettre d’amour à son nouvel amour. Elle est peut-être pleine de notations freudiennes, mais il est difficile de nier l’influence vivifiante et stimulante qu’Ono a eue sur ce morceau et, par ricochet, sur la vie entière de Lennon.
Lennon a malheureusement perdu sa mère en 1958. Elle a été renversée juste devant la fenêtre de sa chambre par un véhicule qui a refusé de s’arrêter et de lui porter secours. Victime d’un délit de fuite, on pense généralement que Julia Lennon souffrait d’un trouble mental non diagnostiqué et représentait une figure troublante dans la vie de Lennon. Le chanteur a peut-être passé la plupart de ses années de formation sous la tutelle de Tante Mimi, mais sa mère, Julia, était omniprésente dans tout ce que faisait le génie Lennon.
La meilleure façon pour lui d’accepter et de surmonter ces sentiments est d’écrire une chanson. Lennon prend la guitare pendant que les Fab Four sont en Inde, où ils étudient avec le Maharishi Mahesh Yogi, et écrit l’une de ses chansons les plus honnêtes et les plus ouvertes. Bien que l’influence d’Ono sur le morceau ne vienne que plus tard, le célèbre folkloriste Donovan l’aide dès le début, en lui montrant comment jouer de la guitare avec les doigts.
Donovan était également présent en Inde et a raconté comment il était devenu le professeur de Lennon pendant un court moment. “Certains après-midi, nous nous réunissions sur l’un de nos coussins et jouions des guitares acoustiques que nous avions tous apportées avec nous”, s’est souvenu le compositeur lors d’un entretien avec Barry Miles pour Many Years From Now. “Paul Horn, le magicien américain de la flûte, était là. John avait envie d’apprendre le style de guitare que je jouais et il était un bon élève. Paul avait déjà quelques notions de finger style. George préférait son style Chet Atkins. John a écrit “Julia” et “Dear Prudence” en se basant sur le picking que je lui ai enseigné.”
La chanson ” Julia ” a certainement été inspirée par sa mère, mais la véritable influence primordiale est venue de Yoko Ono, la ligne ” ocean child calls me ” étant une référence particulièrement évidente au nom de famille d’Ono qui signifie ” enfant de la mer “. “Julia était ma mère. Mais c’était une sorte de combinaison de Yoko et de ma mère en une seule”, a déclaré Lennon à David Sheff en 1980.
Julia s’inspire également du poème ” Sand and Foam ” du poète libanais très en vogue Kahlil Gibran, dont les premiers mots sont tirés des vers de Gibran : ” La moitié de ce que je dis n’a pas de sens, mais je le dis pour que l’autre moitié puisse t’atteindre “. Il y a aussi d’autres clins d’œil à Gibran avec des images telles que “seashell eyes” qui laissent entendre que la poésie de Lennon n’est pas confinée à son propre esprit.
Bien qu’il soit facile de voir l’influence d’innombrables personnes sur “Julia”, ce titre est en fait le plus honnête de l’auteur-compositeur. Il y exorcise enfin ses démons concernant sa mère et la perte de celle-ci, avant et après sa mort, après des années d’écriture de chansons faisant allusion à des figures maternelles et amoureuses. S’il est clair que les songes de Lennon feraient le bonheur de tout penseur freudien, ce qui reste est l’un des témoignages les plus durables de la dévotion de Lennon à son art.
La seule chose à laquelle il est plus dévoué est, bien sûr, Yoko Ono. Dans cette chanson, Lennon dit essentiellement à son public qu’il a enfin trouvé en Yoko un amour qui peut égaler celui de sa mère et qu’il a donné une nouvelle vie à la création artistique grâce à elle. Avec Yoko Ono, Lennon croyait qu’il pouvait tout faire.
