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Pete Best, le Beatle de trop

Pete Best est le monsieur Tout-le-Monde le plus connu de la planète rock ! Peu de gens sont passés aussi près de la gloire et de la richesse pour n’en recueillir que des miettes… Une destinée hors du commun, malgré tout. Voyez-vous, c’est que Pete Best est un ex-Beatle ! Il est même le seul survivant de la formation originale, à part Paul McCartney, puisque John Lennon, George Harrison et Stu Sutcliffe sont morts. Ringo Starr ? Il est celui qui a volé les tambours de Best, le rejetant dans l’ombre à jamais, faisant de lui un fantôme de Beatle.

De ce sexagénaire grisonnant d’apparence très discrète, on serait tenté de dire qu’il est l’antistar. Le type est vraiment sympa : franc, calme, simple, ouvert, généreux de son temps et de son attention. Sa nature conciliante et docile explique-t-elle son destin exceptionnellement… modeste ?
Mais un ex-Beatle ne passe jamais inaperçu, comme c’était le cas à Montréal, cette semaine, où il était l’invité de Musimax. Vous pourrez voir en rappel, samedi, à 21 h, mardi, à 22 h, puis vendredi prochain, à 23 h, l’entrevue que Pete Best a accordée à Sonia Benezra, diffusée d’abord en direct, jeudi dernier. L’émission est agrémentée d’une musicographie du batteur, qui a recommencé à donner des spectacles dans les années 80 avec son groupe, The Pete Best Band. En 2003, il a écrit un livre sur les débuts des Beatles, et cet ouvrage est à la base du DVD Best of The Beatles, une tartine de deux heures sur les Beatles d’avant Ringo.
Pete Best fut bien le premier batteur « officiel » des Beatles. Son prédécesseur, Tommy Moore, a eu à peine le temps de donner quelques coups de baguette avant de terminer sa carrière dans un accident d’auto. C’était au temps où les Fab Four n’étaient que les Quarrymen, puis les Moondogs. Entre 1960 et 1962, Pete Best fut donc le beat des Beatles. On comprend l’intérêt phénoménal qu’il suscite, partout où il passe. Car il détient la clé de bien des secrets…
Même si Pete Best a beaucoup parlé de sa soudaine rupture avec le Fab Four, en ce fatidique 15 août 1962, c’est avec une curiosité inextinguible qu’on le questionne, comme à un enfant qui veut qu’on lui raconte encore et encore la même fabuleuse histoire, espérant quelque variante inattendue. En bon conteur, Pete Best nous donne l’impression d’en dévoiler un peu plus chaque fois…
Manque de courage
Que s’est-il donc passé, en août 1962, au moment où John, Paul, George et Pete se présentaient dans les studios de Parlophone pour enregistrer leur tout premier 45 tours, Love Me Do ? Pourquoi Pete a-t-il été subitement remplacé par Ringo Starr ? La légende veut qu’à la batterie, Best n’était pas ce qu’il y avait de… mieux. On répète même que c’est le « cinquième Beatle », George Martin, qui ne le trouvait pas assez talentueux…
« Je crois plutôt qu’il s’est fait forcer la main par Brian Epstein (le gérant des Beatles). Quand Epstein m’a fait venir dans son bureau, le 15 août, il m’a dit que c’était le v?u de John, Paul et George de changer de batteur, juste pour le disque. Brian m’a dit que je ne participerais pas à l’enregistrement, mais il m’a promis que je continuerais d’être le batteur des Beatles sur scène. Sur le coup, je n’en ai pas fait un drame. Mais il mentait : je n’ai plus jamais joué avec ses protégés ! », déclare Pete Best, en entrevue exclusive au SOLEIL.
Brian Epstein ne pourra plus le contredire, puisqu’il est mort en 1967. Pour appuyer sa thèse selon laquelle c’est Epstein qui a forcé son départ, Best cite John Lennon : « We were cowards when we sacked him ! » Ils auraient donc manqué de courage devant leur agent.
Best ajoute ceci : « Pour vraiment comprendre, il faut se reporter à cette époque. En 1962, les batteurs étaient des quantités négligeables, interchangeables, surtout en studio. » D’autres ont déclaré que Pete Best, un gars très réservé, pour ne pas dire timide, s’était tenu à l’écart des autres, dans le climat bordélique de Hambourg. « Dans les groupes, les batteurs sont toujours un peu à part, car ils sont les seuls à jouer de leur instrument. Les autres peuvent parler de leur jeu de guitare, de leur façon de chanter, etc. Forcément, John, Paul et George avaient plus de sujets de conversation entre eux qu’avec moi », explique Best. Est-ce pour cela que, dans son Pete Best Band, il est toujours accompagné d’un autre batteur sur scène ? Pour toute réponse, Pete Best se contente d’un sourire. Des esprits dubitatifs pensent que Best prouve ainsi qu’il ne peut assumer à lui seul le rôle de batteur… Mais il faut se souvenir que l’homme a maintenant atteint la soixantaine.
Plusieurs batteurs sur les rangs
On reste songeur, et un peu triste, en pensant qu’aucun de ses « bons copains » John, Paul et George, avec lesquels il a traîné pendant deux ans à Hambourg et à Liverpool, ne lui a plus jamais reparlé après le 15 août 1962.
Pete Best ne blâme surtout pas Ringo Starr d’avoir accepté « le meilleur job en ville. Ce n’est pas lui qui a sollicité ma place, on la lui a offerte. D’ailleurs, il n’était pas le seul sur les rangs : il y avait Freddy Marsden, du groupe Gerry and The Pacemakers, et John Hutch, du Big Three… Ils ont refusé, car leur groupe marchait bien à l’époque ! » ajoute Pete Best avec ce sourire indéfinissable qui ne le quitte jamais et qui peut être interprété de bien des manières : gentillesse, nostalgie ou regret ?
Je lui pose sans détour la question qui vient à l’esprit de tous, mais qui n’est pas souvent formulée clairement : « Tout le monde ne vous parle que des Beatles, alors que vous êtes passé tout à côté de leur destin fabuleux, par une sorte de fatalité. En ressentez-vous parfois de la frustration, de la tristesse ou de l’amertume ? »
« Je me dis que, malgré tout, je fais partie intégrante de l’histoire des Beatles, que je suis en quelque sorte une icône, à ma manière. Je n’ai joué avec eux que pendant deux ans, mais aux yeux du monde, je suis resté un Beatle », déclare Pete Best, toujours aussi gentil. On peut difficilement imaginer cet homme doux devenir hargneux, vindicatif. D’ailleurs, il déclare qu’il conserve « une affection inaltérable pour John Lennon ». Comme il termine sa phrase sur ce seul nom, nous nous empressons de le relancer : « Pourquoi ne parlez-vous jamais de Paul ? Serait-ce parce qu’il existait entre vous une certaine incompréhension ? » Réponse prudente : « Paul est un compositeur et un musicien fantastiques. Je n’ai que de belles choses à dire à son sujet. » N’empêche que Paul, le seul autre survivant de la formation originale, a refusé de témoigner sur le DVD Best of The Beatles. Il a tout de même formulé ce commentaire, à propos du documentaire : « C’est une bonne idée de faire connaître nos débuts à la Casbah. Tout le monde parle de la Cavern, mais la Casbah est vraiment le lieu où tout a démarré : nous le considérions comme notre club personnel, nous l’avons même décoré de nos mains ! » Avis aux touristes qui passent par Liverpool : la Casbah vient de rouvrir, toujours ornée des dessins réalisés par John et Paul !
Cet épisode suscite une autre question, quand on sait que la Casbah a été fondée par Mona Best, la mère de Pete. Elle prenait très à c?ur ce groupe qu’elle considérait comme le Pete Best Band ! Qu’en pense le Beatle fantôme, presque un demi-siècle plus tard ? « Sans la Casbah, peut-être l’histoire serait-elle toute différente ? Peut-être le monde n’aurait-il jamais connu le nom des Beatles ? » déclare cet homme qui reste très attaché au souvenir de sa mère.
Reste à clarifier la question du leadership au sein des Beatles. John en était-il bien le leader incontesté ? « John avait la personnalité la plus forte, assurément. C’est lui qui prenait les devants en présence des médias : il se donnait le rôle du leader aux yeux du monde. Mais à l’intérieur du groupe, ce n’était pas la même chose : toutes les décisions étaient prises très démocratiquement, tout le monde décidait de tout ! »

Source : Régis Tremblay /Le Soleil

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