George Harrison, connu pour son rôle de guitariste au sein des Beatles, a également marqué l’industrie cinématographique de son empreinte. Si la plupart des fans connaissent son rôle clé dans la fondation de HandMade Films pour financer Life of Brian des Monty Python, peu mesurent l’ampleur de son implication dans le septième art. Retour sur cette aventure, mêlant coups de génie et désillusions.
Sommaire
La naissance de HandMade Films : un acte de foi pour les Monty Python
En 1978, alors que Life of Brian des Monty Python était menacé d’annulation faute de financement, George Harrison prit une décision audacieuse : il créa HandMade Films avec l’aide de son directeur commercial, Denis O’Brien, et finança lui-même le projet. Harrison confiera plus tard qu’il avait accepté cet investissement colossal par amour pour les Monty Python, allant jusqu’à hypothéquer sa maison. Le succès du film fut éclatant, et HandMade Films s’imposa rapidement comme une société de production innovante.
Durant ses années d’activité, la société permit la création de nombreux films cultes, comme Withnail and I (1987) ou encore The Long Good Friday (1980). Harrison ne se contentait pas d’un rôle de financier : il produisait de manière exécutive et contribua même à la musique originale de certains projets. Cependant, cette belle aventure se heurta à des obstacles majeurs, notamment dus à une mauvaise gestion.
Denis O’Brien : un partenaire aux conséquences désastreuses
Le partenariat entre Harrison et Denis O’Brien tourna rapidement au vinaigre. Malgré les succès initiaux, la gestion financière chaotique d’O’Brien précipita la société dans de lourdes dettes. En 1991, George Harrison fut contraint de vendre HandMade Films, profondément amer. Il poursuivit O’Brien en justice pour une somme colossale de 25 millions de dollars, une affaire qui témoigne de l’impact personnel et financier de cette mésaventure sur l’ex-Beatle.
Shanghai Surprise : un naufrage mémorable
Parmi les nombreux films produits par HandMade Films, Shanghai Surprise reste une épine dans le parcours cinématographique de Harrison. Sorti en 1986, ce film réunissait Madonna et Sean Penn, alors fraîchement mariés. Réalisé par Jim Goddard, ce mélange de comédie, d’action et de romance, racontant l’histoire d’un escroc s’associant à une infirmière missionnaire pour voler de l’opium, semblait prometteur sur le papier. En réalité, il devint un désastre retentissant.
George Harrison lui-même avait émis des doutes avant même que le projet ne démarre. Lors d’une interview accordée à Film Comment en 1988, il déclara : « À l’époque, cela semblait être une bonne idée. Mais lorsque nous l’avons réalisé, cela s’est avéré très douloureux pour la plupart des personnes impliquées. »
Le tournage fut miné par des tensions incessantes. Sean Penn, irrité de passer au second plan face à Madonna, joua de son influence pour compliquer la production. Une clause dans le contrat de Madonna garantissait son pouvoir de veto sur ses co-stars, rendant Penn intouchable. Ces conflits, combinés à une mauvaise direction et une équipe mal choisie, firent de Shanghai Surprise un chaos total. Harrison n’hésita pas à comparer cette expérience au Printemps d’Hitler dans Les Producteurs de Mel Brooks, déclarant : « Nous avons engagé les mauvais acteurs, le mauvais producteur, le mauvais réalisateur. Où avons-nous fait fausse route ? »
Un échec cuisant et une leçon amère
Sorti en 1986, Shanghai Surprise fut un échec commercial retentissant. Avec un budget de 15 millions de dollars, le film ne rapporta que 2,3 millions au box-office américain. Pour ajouter à l’humiliation, Madonna fut couronnée « pire actrice » lors des Razzies cette année-là. Ce fiasco renforça les doutes de Harrison sur son implication dans le cinéma, bien qu’il continua de produire des films jusqu’à la vente de HandMade Films.
L’héritage de HandMade Films : une lumière et des ombres
Malgré des échecs tels que Shanghai Surprise, l’impact de HandMade Films sur l’industrie cinématographique britannique reste inestimable. La société a permis la réalisation de films emblématiques qui ont marqué les années 1980, affirmant Harrison comme un mécène passionné et visionnaire. Cependant, cette aventure montre aussi les dangers de s’aventurer dans des domaines éloignés de ses compétences initiales, surtout lorsque l’on s’entoure de partenaires peu fiables.
L’histoire de George Harrison et de HandMade Films est à la fois inspirante et poignante, rappelant que même les plus grands artistes ne sont pas à l’abri d’erreurs, mais que ces échecs font aussi partie de leur légende. Harrison, avec son humour et son humilité légendaires, en tirera des leçons, ajoutant ainsi une nouvelle facette à son héritage extraordinaire.