Brainwashed”, un album musicalement varié et plein de joyaux, est le 12e et dernier album de George Harrison.
Quinze années mouvementées se sont écoulées entre la sortie de Cloud Nine, en 1987, et le dernier album de George Harrison, Brainwashed, sorti le 18 novembre 2002. La longue attente a également été teintée d’émotion, car ce 12e et dernier album est sorti presque un an après le décès tragique de George.
C’est un album musicalement varié et plein de perles qui sont parfois injustement négligées. Le premier enregistrement de l’album remonte à 1988, lorsque “Any Road”, écrit pendant le tournage d’une vidéo pour la promotion de Cloud Nine, a été enregistré. C’est le seul titre de l’album à être sorti officiellement en single, au printemps 2003 ; un petit succès au Royaume-Uni, mais pas aux États-Unis.
“Any Road” a été nominée pour la meilleure performance vocale masculine aux Grammy Awards 2004, ce que George aurait sans doute trouvé ironique. La face B du single, également incluse dans l’album, est le magnifique instrumental “Marwa Blues”, l’un des meilleurs moments de George sur disque. Comme la face A, ce morceau a été nominé pour un Grammy, dans la catégorie “Meilleure performance instrumentale pop”, et il a gagné à juste titre. Ce morceau résume tout ce qu’il y a de brillant dans le jeu de guitare de George et dans son sens inné de la mélodie.
Comme la majeure partie de l’album, “Marwa Blues” est interprétée par le fils de George, Dhani, à la guitare, et par Jeff Lynne aux claviers et à la guitare (tous deux coproducteurs de l’album). Brainwashed comprend également des apparitions de vieux amis, dont le batteur Jim Keltner et le percussionniste Ray Cooper, tandis que Jon Lord joue du piano sur “Brainwashed”. Mais l’ambiance qui se dégage de l’album est celle d’une relation intime et familiale avec Dhani et Jeff.
L’une des raisons de la lenteur des progrès sur ce disque est l’engagement de George avec les Traveling Wilburys, dont le deuxième album est sorti en 1990, son travail de production sur l’album Chants Of India de son vieil ami Ravi Shankar, et son travail sur la série Anthology des Beatles, qui a été diffusée en 1995.
La santé de George était également un problème et, au fur et à mesure que son état s’aggravait, il a fait part à Dhani de ses idées et de ses souhaits sur la façon dont Brainwashed devait être terminé. C’est un testament remarquable qui donne l’impression que George était présent tout au long du processus de création de l’album.
Parmi les autres morceaux marquants, citons “Rising Son”, le doux “Stuck Inside A Cloud” et la version de George de “Run So Far”, une chanson que son vieil ami Eric Clapton avait enregistrée pour son album Journeyman, sorti en 1989 ; la version de Brainwashed est entièrement nouvelle et ne met en scène que George, Dhani et Jeff. “Stuck Inside A Cloud” a été diffusée à la radio en 2002 pour promouvoir l’album et est devenue un petit succès au Billboard Adult Contemporary Chart.
“Rocking Chair In Hawaii” est la plus ancienne des compositions originales de Harrison sur l’album, puisqu’elle a été enregistrée pour la première fois en 1970 pendant l’élaboration de All Things Must Pass. Encore plus ancienne – et la plus ancienne chanson de Brainwashed – est le standard “Between The Devil And The Deep Blue Sea”, qui a été publié pour la première fois en 1932. La version de George, sur laquelle il chante et joue du ukulélé, a été enregistrée en 1992 pour une émission de télévision. Parmi les musiciens, on trouve Jools Holland au piano, Herbie Flowers à la basse et au tuba, et son vieil ami Joe Brown à la guitare – lui-même n’est pas un grand joueur de ukulélé.
Qu’est-ce qui fait de Brainwashed un si bel album ? C’est avant tout le sentiment d’intimité qui se dégage de l’enregistrement, et le fait qu’il ressemble à un album à l’ancienne, avec un début, un milieu et une fin. La fin, dans ce cas, est le merveilleux morceau-titre, dans lequel George montre son intérêt constant pour les questions politiques – pensez à “Taxman” de Revolver, avec un sujet moderne.
Brainwashed nous rappelle à quel point nous avons perdu un grand auteur-compositeur et musicien lorsque George est décédé le 29 novembre 2001. Mettez-le maintenant, et bien qu’il y ait une pointe de tristesse, c’est une célébration de tout ce qui l’a rendu si aimé et vénéré.
