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Antoine de Caunes : « Paul McCartney était le véritable moteur des Beatles »

Présent ce samedi soir au festival de Glastonbury, Paul McCartney vient de fêter ses 80 ans. L’enfant du rock, Antoine de Caunes, explique pourquoi Sir Paul est, selon lui, un génie absolu. L’ayant rencontré à plusieurs reprises, il nous raconte un homme délicieux et drôle.

Paul McCartney est-il un musicien exceptionnel ?
Oui, évidemment mais on va enfoncer plein de portes ouvertes en disant cela ! C’est un personnage pivot, essentiel. Le duo Lennon- McCartney, c’est une dynamique, une complémentarité absolument idéale. Plus George Harrison et Ringo Starr. C’est la somme des quatre qui fait, qu’à un moment, on touche au nombre d’or. Mais, le temps passant, on se rend compte que le véritable moteur du groupe, c’était bien Paul McCartney !

Pourquoi ?
Cela va à l’encontre d’une idée reçue, colportée durant trop longtemps, selon laquelle Lennon était le rebelle, Harrison, le mystique, Paul, le gentil garçon qui plaisait aux filles, et Ringo, le gars qui faisait des vannes. En fait, ce n’est absolument pas cela, l’histoire. J’ai été très éclairé en lisant la remarquable biographie de McCartney écrite par Barry Milles (1). Il a fréquenté Paul depuis le tout début des années 60. Son objet n’est pas d’idolâtrer Paul mais de comprendre le personnage. On se rend compte que McCartney est toujours celui qui est à la pointe. C’est le plus curieux. Il écoute tout, de la musique contemporaine à la musique classique. Outre sa créativité qui est juste sidérante, il est curieux et est toujours en train de chercher. Lennon, au contraire, est plus un rocker mélodiste classique, assez tourmenté avec un sens de l’humour qu’on adore. Mais l’aventurier, c’est McCartney. C’est celui qui est en tête de file avec la machette à la main. Quand on fait la somme de tout ce qu’il a tenté, essayé, réussi ou pas, c’est faramineux ! Les trois autres sont toujours restés dans leur couloir de nage. McCartney se sert, lui, de toute la piscine.

« Il est authentiquement génial, le mot n’est pas trop fort. »

On lui a pourtant reproché d’être trop lisse, de faire parfois de la guimauve…
C’est vrai. Il était trop parfait, trop poupon. En fait, il est trop sympa. Il faut prendre le risque de déplaire dans ce métier. J’ai eu la chance de le rencontrer deux fois et j’ai vu le cheval de plus près. C’est un mec qui est charmant, disponible et drôle. Ce qui n’est pas toujours le cas dans ce métier ! McCartney est étonnant car il est très joyeux et joueur. Je pense qu’il a dû répondre à trois milliards d’interviews. Quand il en accepte encore, il a envie de s’amuser et passer un bon moment. Pour ma part, quand je l’ai rencontré, je n’ai pas fait une interview d’exégète et j’ai passé un moment vraiment délicieux avec lui. Ce qui m’a le plus frappé, c’est son absence d’esprit de sérieux. Il sait qu’il est McCartney et ne joue pas la fausse modestie, mais il ne s’enferme pas dans une posture qui pourrait être facile.

Il est authentiquement génial, le mot n’est pas trop fort. C’est ce que j’ai essayé de retranscrire dans mon dictionnaire du rock.

Matthieu Chedid a récemment dit de lui que c’est « le Mozart des mélodistes ». Vous validez ?
C’est une formule, comme toutes les formules, avec ses qualités et ses limites. J’ai toujours trouvé bizarre de comparer les gens… Ce qu’il y a de particulier avec McCartney, c’est l’impression que sa créativité ne s’est jamais tarie. Quand vous prenez le tout premier album des Beatles et le dernier album solo de Paul, qu’il a fait tout seul à la maison comme un grand, vous vous rendez compte combien le mec est prodigieusement inventif, sur une trace qui est la sienne, identifiable. Avec trois notes, on sait que c’est McCartney. Et, je le répète, en explorant sans cesse des chemins nouveaux. Il pourrait se reposer un peu, la jouer à la Johnny Cash en sortant des albums rares et épurés, eh bien non, il passe son temps à chercher sur son multipiste. Il y a donc quelque chose de mozartien dans la production et fort heureusement, il a vécu plus longtemps que Mozart !

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Quelle est selon vous la marque des Beatles dans la musique rock en particulier et dans la musique en général ?
Il y a eu un avant et un après. Avant, il y a eu une période très inventive, notamment aux États-Unis, mais cela partait dans tous les sens. Les Beatles ont redéfini les tables de la loi. En s’inspirant du rockabilly et de toutes les sources qui elles-mêmes produisaient des merveilles, chacune dans son courant, ils ont reposé, à travers « l’anglitude », comme dirait Ségolène Royal, les bases d’une grammaire. Leur manière d’arranger – en pensant toujours à George Martin qui est derrière – et de composer des ballades qui sont au demeurant d’une facture assez classique fait preuve mélodiquement d’une invention extraordinaire. Ils étaient toujours un an avant les autres alors que Johnny était toujours un an après… Non seulement ils ont défriché le terrain, mais ils ont expérimenté – les Beatles de 1969 n’ont plus rien à voir avec ceux de 1962 – et ouvert le terrain dans une décennie musicale où on a vraiment lâché les chiens.

« La rivalité Beatles-Stones n’a jamais été un débat pour moi, car j’adorais les deux. Mais je pense que les Beatles sont plus importants que les Stones dans l’histoire de la musique. »
Vous-même, quand vous étiez jeune, plutôt Beatles ou Rolling Stones ?
Les Beatles ont été mon groupe de référence très tôt et le premier 45 tours que j’ai acheté, c’était « Love Me Do » (1962). J’ai appris littéralement à parler anglais, ce qui explique beaucoup de choses, en déchiffrant « Sgt. Peppers » mot à mot durant l’été 67 ! Pour moi, cela a toujours été le groupe le plus important, tout comme la place de McCartney au sein des Beatles. On aime beaucoup les débats dans notre pays, en particulier dans la musique, et surtout à cette époque-là. Il fallait choisir son camp entre les Beatles et les Stones, entre McCartney et Lennon… La rivalité Beatles-Stones n’a jamais été un débat pour moi, car j’adorais les deux. Mais je pense que les Beatles sont plus importants que les Stones dans l’histoire de la musique. Les Stones sont un excellent groupe, qui groove, qui marche en dehors des clous. Quand les deux groupes ont essayé de se tirer un peu la bourre, les Beatles avaient toujours une tête d’avance. L’album psychédélique des Stones, « Their Satanic Majesties Request », reste à douze coudées derrière ce qu’ont fait les Beatles avant eux…

Et aujourd’hui ?
La musique des Beatles m’accompagne toujours. J’y reviens régulièrement. Grâce aux méthodes de consommation et au mode d’écoute aléatoire, je suis toujours surpris par certains morceaux. McCartney est dans ma playlist, avec bien sûr Bowie et Springsteen.

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