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Paul McCartney attaque Trump dans sa chanson contre le déni climatique

Paul McCartney vise Trump et le déni climatique dans « Despite Repeated Warnings », un titre engagé où l'ex-Beatle alerte avec force sur l'urgence écologique.

En 2018, Paul McCartney signe « Despite Repeated Warnings », un réquisitoire contre le déni climatique incarné par Donald Trump. Rare chanson explicitement engagée dans sa carrière, elle mêle protest song et métaphore maritime pour alerter sur l’urgence environnementale, tout en s’inscrivant dans la tradition allusive de McCartney, humaniste préférant fédérer plutôt que polariser.


Dans l’imaginaire collectif, la chanson engagée porte volontiers la signature d’un John Lennon ou d’un Bob Dylan. Pendant des décennies, Paul McCartney est resté en retrait de cette veine protestataire, préférant la poésie intime ou la légèreté pop. Pourtant, derrière l’image du mélodiste insouciant se cache un musicien attentif aux convulsions du monde : dès « Blackbird » (1968), il célèbre le mouvement des droits civiques ; dans « Give Ireland Back to the Irish » (1972), il dénonce les violences en Ulster. Mais ces prises de position demeurent ponctuelles. Il faut attendre 2018, avec « Despite Repeated Warnings », pour voir l’ancien Beatle viser sans détour un président américain : Donald Trump. Le morceau occupe plus de sept minutes au cœur d’Egypt Station, rappelant que la plume de McCartney peut se faire mordante lorsque l’urgence l’exige.

Le choc du déni : du rêve Obama au cauchemar Trump

À la fin des années 2000, l’artiste se déclare publiquement admirateur de Barack Obama : il salue la trajectoire communautaire du futur président, son énergie rassembleuse, son ouverture aux questions environnementales. Cette ère d’espoir contraste brutalement avec l’élection de Donald Trump en 2016. Dès la campagne, le milliardaire qualifie le climate change de « canular inventé par les Chinois ». Ces propos heurtent McCartney, militant de longue date pour la défense de la planète et promoteur du véganisme à travers l’initiative Meat Free Monday. « Quand un dirigeant du pays le plus puissant du monde ridiculise la science, ça ressemble à la tirade d’un fou », dira-t-il. L’irrésistible besoin de répondre le pousse alors à écrire un protest song d’envergure.

La gestation d’Egypt Station : un album-voyage

En 2017, McCartney loue les studios de Greg Kurstin à Los Angeles pour enregistrer ce qu’il décrit comme un carnet de voyage sonore. Chaque chanson représente une « station » imaginaire. On y trouve des méditations romantiques, des digressions psychédéliques et une triple suite finale : « Hunt You Down / Naked / C-Link ». Au centre du disque, « Despite Repeated Warnings » joue le rôle d’étape orageuse, comme si le train passait soudain au bord d’une falaise climatique. McCartney raconte avoir d’abord griffonné un canevas de blues, avant que Kurstin ne lui suggère d’étirer la forme en plusieurs mouvements, rappelant la construction modulaire de « Band on the Run » (1973). Cette ambition narrative lui permet d’exposer le péril, la mutinerie et l’espoir dans un même élan.

Anatomie d’un réquisitoire musical

Le morceau s’ouvre sur un piano feutré, un arpège aux accents de cabaret où la voix de Paul, légèrement voilée, plante la situation : un capitaine obstiné refuse d’écouter les avertissements et dirige son navire vers des icebergs visibles de tous. Très vite, des cuivres tonnent ; la batterie s’emporte ; la basse bondit dans un groove soul. McCartney module sa ligne vocale, passant du murmure inquiet au falsetto menaçant. Au milieu, une rupture de tempo introduit un pont quasi gospel : « Yes, we can do it now… ». Contrairement à la satire frontale, il choisit la métaphore maritime, évoquant la catastrophe du Titanic : d’un côté un chef arrogant, de l’autre l’équipage conscient du danger. L’image vise évidemment Donald Trump ; elle épargne aux radios la censure d’un nom propre tout en restant limpide pour l’auditeur.

Les paroles : entre constat et appel à l’action

Deux vers résument l’esprit du titre : « Those who shout the loudest may not always be the smartest » et « Despite repeated warnings of dangers up ahead, the captain won’t be listening ». L’écriture conjugue l’ironie (fustiger le vacarme médiatique) et la gravité (insister sur la répétition des alertes scientifiques). La voix plurielle du refrain — McCartney empile ses propres harmonies — incarne la communauté des lanceurs d’alerte. Sur le plan lexical, il évite le jargon climatique mais évoque le « storm », le « heavy rain », la « rising sea », autant de signaux facilement décodables. Loin d’un sermon, la chanson s’achève sur un « Yes we can do it » qui rappelle volontairement le slogan d’Obama : un clin d’œil à la résilience plutôt qu’au fatalisme.

Une tradition de l’allégorie chez McCartney

Les observateurs ont souvent rapproché « Despite Repeated Warnings » d’anciens titres à message voilé : « Blackbird » utilisait la métaphore d’un oiseau blessé pour évoquer les femmes afro-américaines privées de droits ; « Little Willow » consolait la fille de Ringo après la mort de sa mère sans jamais citer de nom. McCartney préfère l’allusion à la diatribe directe, considérant que la musique agit comme une « invitation à réfléchir » plutôt qu’une injonction. Ici, le procédé renforce l’universalité : le « capitaine » pourrait être n’importe quel dirigeant climato-sceptique.

Réception critique et écho public

À sa sortie, Egypt Station grimpe en tête du Billboard 200, performance inédite pour McCartney depuis 1982. La presse salue un disque « d’une fraîcheur étonnante » pour un compositeur de soixante-seize ans. « Despite Repeated Warnings » reçoit des critiques plus nuancées : certains chroniqueurs trouvent la métaphore trop appuyée, d’autres applaudissent la structure progressive rappelant les suites de la fin des années 1960. Sur scène, le public accueille le titre comme un moment dramatique ; la section de cor et le chœur enregistrés sont remplacés par une montée de guitares saturées qui électrise les arènes.

Les réactions Trumpistes : ignorance ou dérision

Interrogé sur la chanson, l’entourage de Donald Trump feint d’ignorer le sujet. Aucun tweet incendiaire ne viendra — fait rare — cibler l’ex-Beatle. Quelques commentateurs conservateurs moquent la « leçon de morale » d’un multi-millionnaire volant en jet privé. McCartney répond par l’action : il investit dans des solutions de carburant durable pour ses tournées, multiplie les interventions dans les forums de l’ONU sur la réduction de la consommation de viande. Il admet : « Je ne suis pas parfait, mais je peux au moins utiliser mon micro pour rappeler l’évidence scientifique. »

Place du titre dans la discographie protestataire

Si l’on dresse la chronologie des chansons explicitement critiques chez McCartney, la liste reste courte : « Give Ireland Back to the Irish » (guerre civile), « Looking for Changes » (expérimentation animale), « Freedom » (réponse aux attentats du 11 septembre), puis « Despite Repeated Warnings ». À chaque fois, il s’agit d’un coup de projecteur isolé plutôt qu’un virage militant permanent. En cela, le morceau de 2018 se distingue du répertoire politique de Lennon, construit sur la constance revendicatrice. McCartney demeure un humaniste cherchant à fédérer plutôt qu’à polariser ; la tonalité anxieuse de la chanson marque précisément la gravité qu’il prête au dérèglement climatique.

L’héritage environnemental de McCartney

Au-delà du studio, Sir Paul multiplie les actions : diffusion gratuite du documentaire One Day a Week ; subventions à des programmes de reforestation ; campagnes pour la transition vers des emballages biodégradables lors de ses concerts. Il répète que la musique a le pouvoir d’inspirer les comportements, tout comme les chansons des années 1960 ont soutenu la lutte pour les droits civiques. Dans cet esprit, « Despite Repeated Warnings » devient un outil de sensibilisation intégré dans les playlists éducatives, de la BBC aux collèges californiens.

Une composition à tiroirs : influences et innovations

Musicalement, le morceau puise dans le rag-time, le prog-rock et la soul. On y entend l’ombre de « Live and Let Die » pour les montées orchestrales, le fantôme de « Happiness Is a Warm Gun » pour le collage de sections, ou encore l’énergie blues-soul de « Band on the Run ». Le producteur Greg Kurstin insère des synthétiseurs discrets et une guitare baryton donnant un grain vintage. McCartney superpose jusqu’à six pistes vocales, rappelant le travail choral des Wings. Cette richesse de textures souligne le chaos que promet la crise climatique si le capitaine ne dévie pas sa trajectoire.

Les prolongements scéniques et médiatiques

En tournée, la chanson s’accompagne d’un visuel animé : une mer rougeoyante, un navire colossal, des icebergs qui s’effritent. À l’issue du pont, McCartney brandit une pancarte « Make It Right », clin d’œil au « Make America Great Again » détourné. Les images virales de ces concerts suscitent des débats sur les réseaux : faut-il mêler musique et politique ? L’artiste répond : « Les Beatles ont grandi au milieu de la guerre froide ; on a toujours été témoins de notre époque. »

Résonance en 2025 : Le capitaine a-t-il changé de cap ?

Sept ans après sa parution, « Despite Repeated Warnings » conserve une pertinence brûlante : la température mondiale franchit le seuil de 1,5 °C, les rapports du GIEC se succèdent, les événements climatiques extrêmes deviennent quotidiens. Même si Donald Trump n’est plus à la Maison-Blanche, le déni climatique persiste dans certains cercles politiques. La chanson se transforme alors en archive prophétique : elle rappelle qu’on ne pourra pas dire « nous ne savions pas ».

Une alerte musicale pour temps critiques

Paul McCartney n’a jamais revendiqué la couronne de « grand protest-songwriter ». Pourtant, avec « Despite Repeated Warnings », il brouille les frontières entre pop cosmopolite et engagement citoyen. En choisissant la métaphore du navire, il parle à la fois aux mélomanes et aux indécis, aux générations Beatles comme aux lycéens du mouvement Fridays for Future. Et si la chanson n’est pas son chef-d’œuvre mélodique, elle cristallise un instant où l’art se fait aiguillon moral : l’ex-Beatle à la voix si souvent conciliante hausse le ton, pointe le capitaine obstiné, et rappelle que, sans un changement de barre, le plus bel équipage du monde risque de sombrer.

Dans la discographie de McCartney comme dans l’histoire de la pop, « Despite Repeated Warnings » restera le moment où l’artiste du « Let it Be » a choisi de dire : « Let it not be too late. » Parce que la musique, lorsqu’elle refuse la résignation, peut encore guider les foules vers un futur moins incandescent.

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