Lorsque Paul McCartney s’est mis au volant du rouleau compresseur de la culture pop, l’habitacle sentait encore le neuf. Les hanches d’Elvis Presley ont peut-être fait bouger les choses, mais les “Fab Four” ont créé la frénésie dont nous sommes encore sous le choc aujourd’hui, et dont nous allons nous délecter une fois de plus lorsque la star de 80 ans montera sur la scène de Glastonbury.
Les maîtres de “Macca” et de ses coéquipiers avaient de nombreuses facettes, mais il convient de souligner qu’ils étaient des pies absolument brillantes. C’est une caractéristique qui mérite d’être célébrée car elle a fait de la musique ce qu’elle est aujourd’hui. Comme Nick Cave l’a dit un jour de façon poignante : “La grande beauté de la musique contemporaine, et ce qui lui donne son tranchant et sa vitalité, c’est son attitude désinvolte vis-à-vis de l’appropriation – tout le monde s’approprie des choses de tout le monde, tout le temps. C’est une frénésie d’idées empruntées qui contribue à l’avancement de la musique rock – la grande expérience artistique de notre époque.”
McCartney était toujours avide d’apprendre des leçons des autres autour de lui, mais il y a une conférence sonore qui a fait pleurer l’étudiant Scouse. “Je pense que personne n’est éduqué musicalement tant qu’il n’a pas entendu Pet Sounds”, a-t-il dit un jour à propos du chef-d’œuvre des Beach Boys. “J’adore l’orchestre, les arrangements – c’est peut-être exagéré de dire que c’est le classique du siècle – mais pour moi, c’est certainement un disque total, classique et imbattable à bien des égards. J’ai souvent joué Pet Sounds et j’ai pleuré”.
Et comme Tom Petty et Jackson Browne l’ont dit plus tard respectivement, “On dit que les Beach Boys sont responsables de Sgt. Pepper”, “imaginez un groupe influençant les Beatles ?”. Avec des sons pionniers informant certaines des plus belles musiques jamais écrites, ils ont inspiré à peu près tout le monde et ont changé le visage de la musique avec le mélange alchimique d’invention et d’art qui est l’humble majesté de Pet Sounds et sa félicité postmoderniste.
Comme l’a dit un jour le célèbre producteur George Martin, le “cinquième Beatle”, responsable de la cacophonie sauvage des sons stéréo superposés sur la réponse des “Fab Four” : “S’il y a une personne que je dois choisir comme génie vivant de la musique pop, je choisirais Brian Wilson. Sans Pet Sounds, Sgt. Pepper n’aurait jamais vu le jour. Pepper était une tentative d’égaler Pet Sounds.” J’ai récemment déclaré que Pet Sounds n’était pas tout à fait à la hauteur de 1-1, et je suis heureux d’avoir la bénédiction de “Macca” et de Martin à ce sujet.
Cependant, Wilson a été pris à son propre piège en essayant d’égaler son opus. “Notre nouvel album sera meilleur que Pet Sounds.” Il s’est aventuré un jour. Et d’ajouter : “Ce sera une amélioration par rapport à Sounds, autant que par rapport à Summer Days.” C’est impossible et même si McCartney lui-même croque des légumes en guise de bruit de fond sur Smiley Smile, il finit par mettre le disque en boîte et sombrer dans la dépression, tandis que McCartney continue à innover.
Cela soulève la question : Les deux stars ayant récemment atteint l’âge de 80 ans, verrons-nous McCartney honorer la foule de Glastonbury avec une interprétation de “God Only Knows”, la chanson qu’il considère comme la plus grande jamais écrite, en l’honneur de son vieil ami pour son anniversaire ? Seul l’avenir nous le dira, mais même si ce n’est pas le cas, l’influence de Wilson persistera tout de même dans l’atmosphère du concert.
