L’album Dark Side Of The Moon de Pink Floyd, sorti en 1973, a marqué un moment décisif dans l’histoire de la musique, influençant d’innombrables autres artistes qui, comme la plupart d’entre eux à l’époque de sa sortie, ont été surpris par le nouveau son révolutionnaire du disque, sa vision globale et le type de création innovante qui allait faire des Floyd des légendes.
Le groupe a eu une attitude de pionnier tout au long du processus de création de l’album et, à un moment donné, a même demandé à Paul McCartney, auteur-compositeur et créateur de séries des Beatles, d’être interviewé dans le cadre d’une contribution ambitieuse au LP. À l’époque de leur création sonore psychédélique, les Pink Floyd avaient prévu de sampler Macca sur le disque. Cependant, malgré l’obligeance du fondateur des Beatles, qui leur a envoyé son ajout, ils n’ont pas voulu de sa contribution sur le disque.
La collaboration est née après que McCartney a déclaré ouvertement qu’il était fan du travail de Pink Floyd et qu’il était intrigué par la scène psychédélique florissante. Il s’agit d’un espace dans lequel Pink Floyd avait joué un rôle énorme dans le swinging London à la fin des années 1960. Nouvelle facette trippante de leur prochain album, les Floyd décident de réaliser une série d’interviews pour leur disque, qu’ils utiliseront sporadiquement sur le nouveau matériel. Lorsque la perspective de faire appel à l’énigmatique Paul McCartney comme invité spécial se concrétise, le groupe saute sur l’occasion.
Macca, qui travaillait à l’époque sur son album de 1972 avec les Wings, Red Rose Speedway, était présent à Abbey Road au moment où les Pink Floyd étaient également occupés à travailler sur Dark Side Of The Moon – un concours de circonstances qui a fait de son inclusion un processus apparemment simple. Pour les interviews, le groupe avait prévu une série de questions provocantes qui, espéraient-ils, susciteraient des réponses profondes et réfléchies de la part de leurs interlocuteurs, comme “quand avez-vous été violent pour la dernière fois ?” ou “la mort vous fait-elle peur ?”.
Certaines des questions posées étaient moins émouvantes, en fait, il s’agissait d’offres quelque peu banales comme demander leurs aliments et couleurs préférés, entre autres choses. Obtenir que l’ancien membre des Beatles réponde aux questions était un véritable exploit, mais l’attitude de McCartney face aux questions a réussi à agacer un membre du groupe, Roger Waters.
Roger Waters, qui n’est pas un homme difficile à contrarier, est irrité par la contribution de McCartney car elle sape la vision de Pink Floyd sur le morceau. Waters dira plus tard au biographe de Pink Floyd, John Harris : “Il était la seule personne qui trouvait nécessaire de jouer, ce qui était inutile, bien sûr, je pensais que c’était vraiment intéressant qu’il fasse ça. Il essayait d’être drôle, ce qui n’était pas du tout ce que nous voulions.”
McCartney aura tout de même un bref caméo sur le disque, même s’il est peut-être si subtil qu’il ne s’en est peut-être pas rendu compte lui-même lors de la première écoute de l’album. À la toute fin de l’épique finale de l’album, “Eclipse”, on peut à peine distinguer un extrait d’une version orchestrale de la chanson des Beatles “Ticket to Ride”.
Le classique des Beatles aurait été joué en arrière-plan dans le studio pendant que le portier d’Abbey Road, Gerry O’Driscoll, prononçait la phrase poétique suivante : “Il n’y a pas de face cachée de la lune, vraiment. En fait, elle est entièrement sombre. La seule chose qui la fait paraître claire, c’est le soleil.”
Cependant, l’ancien membre des Beatles ne semble pas avoir de rancune envers Pink Floyd qui a décidé que sa contribution n’avait pas sa place sur le disque. En vérité, il semble convenir que c’était probablement la bonne décision puisqu’il l’a qualifié de plus grand album conceptuel de tous les temps.
