Même si vous avez adoré Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967), vous devez admettre que les Beatles ont fait le plein de polissage en studio. Sur la face 1, “She’s Leaving Home” raconte l’histoire d’une fille riche en fuite avec l’aide d’une section de cordes de 10 musiciens, dont un harpiste. C’était un long chemin depuis Hambourg.
La même chose se produit sur “Being for the Benefit of Mr. Kite”, le morceau de John Lennon qui comporte des boucles de bande, de l’harmonium, des parties d’orgue et d’autres sons qui ne sont pas produits par un Beatle. En bref, la touche du producteur George Martin était facilement détectable dans la réalisation de Sgt. Pepper.
Lorsque le tentaculaire White Album (1968) est sorti à la fin de l’année suivante, les fans ont eu droit à un regard très différent de la part de Martin. Sur “Blackbird”, on n’entendait que Paul McCartney et une guitare acoustique. Et on retrouve la même approche homme-guitare (avec Lennon cette fois) sur “Julia”.
On retrouve encore de la guitare acoustique sur “Rocky Raccoon”, “Mother Nature’s Son”, “Dear Prudence” et “The Continuing Story of Bungalow Bill”, entre autres. C’était une caractéristique essentielle de l’Album blanc, et ce n’était pas un hasard.
Les Beatles ont écrit la majeure partie du “White Album” en Inde.
Au début de l’année 68, les quatre Beatles se sont rendus à Rishakesh, en Inde, où le groupe a étudié la méditation et le yoga sous la direction du Maharishi Mahesh Yogi. Les Beatles y ont eu beaucoup de compagnie célèbre. À un moment donné, ils ont passé le temps avec Mia Farrow, le chanteur folk Donovan et Mike Love des Beach Boys.
À l’origine, l’idée était qu’ils n’écriraient pas de chansons pendant leur séjour en Inde. (C’est du moins l’idée de George Harrison.) Mais Lennon et McCartney ne pouvaient pas rester longtemps sans travailler sur de nouvelles compositions. Les chansons ont donc commencé à s’accumuler.
Le fait que Donovan ait appris à Lennon à jouer de la guitare entre deux séances de méditation n’a rien arrangé. Ou que Love ait aidé McCartney à insuffler l’esprit des Beach Boys dans “Back in the USSR”. Dans l’ensemble, c’était beaucoup demander, et au moment de leur retour, ils avaient un véritable butin de compositions.
“Tous les morceaux de The White Album ont été écrits en Inde”, a déclaré Lennon dans ses entretiens avec David Sheff dans Playboy en 1980. “Nous avons obtenu notre mantra, nous nous sommes assis dans les montagnes en mangeant de la nourriture végétarienne minable et en écrivant toutes ces chansons. On a écrit des tonnes de chansons en Inde.”
Les Beatles ont écrit des chansons sur des guitares acoustiques et ont choisi de garder la plupart d’entre elles simples
Lorsque les Beatles étaient à la maison ou en studio, ils pouvaient amener une idée de chanson au piano ou trouver quelque chose en jammant sur une guitare électrique. Mais en Inde, ils sont revenus aux sources (comme l’a si bien dit Lennon) et n’avaient que des guitares acoustiques pour travailler.
Cela n’a pas changé pendant la production pour de nombreuses chansons acoustiques. “Nous avons décidé de ne pas essayer de les recouvrir comme nous le ferions normalement”, a déclaré McCartney à Radio Luxembourg avant la sortie du White Album. “[Nous] avons simplement utilisé la guitare acoustique au lieu, disons, d’un piano ou d’une guitare électrique ou autre chose.”
En effet, plusieurs chansons n’ont jamais dépassé le stade de la guitare, tandis que d’autres ont permis au groupe de jouer à nouveau ensemble (une approche que Ringo et Harrison préféraient). Quoi qu’il en soit, vous pouvez imaginer les Beatles à Rishikesh en train de composer “While My Guitar Gently Weeps” ou “I’m So Tired” dans leurs sandales et leur tenue de yoga.
Mais avant que vous n’ayez une image trop romantique en tête, je vais laisser Lennon avoir le dernier mot en décrivant comment il a écrit “Yer Blues”, une des chansons préférées de Ringo. “Yer Blues a été écrit en Inde, aussi”, a déclaré Lennon à Playboy en 1980. “La même chose : là-haut, essayer d’atteindre Dieu et se sentir suicidaire.”
