Zak Starkey, fils de Ringo Starr et batteur de The Who depuis 1996, est brutalement écarté du groupe en 2025, à l’approche de leur tournée d’adieux. Un départ houleux qui met fin à une relation artistique marquée par les tensions, tout en soulignant l’héritage musical complexe entre générations de rock.
Il y a dans l’histoire du rock des lignées dont l’héritage semble couler de source. Zak Starkey, fils de Ringo Starr et élève du feu Keith Moon, fait partie de ces descendants que la musique n’a jamais quittés. Depuis 1996, il était le batteur élu des Who, compagnon de route fidèle de Roger Daltrey et Pete Townshend. Mais en cette année 2025, à quelques mois de la tournée d’adieux du groupe, l’aventure s’achève dans la fureur et la confusion.
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Une relation longue mais fragile
C’est par une simple publication Instagram, lapidaire et empreinte d’une solennité discrète, que Pete Townshend a annoncé le 19 mai la nouvelle : « Après de nombreuses années de très bon travail à la batterie de la part de Zak, le moment est venu pour un changement. » Un adieu mesuré, sans rancœur apparente, mais qui masque une tension palpable.
Car ce renvoi n’est pas le premier. Le mois précédent déjà, Starkey avait été écarté du groupe à la suite d’une altercation autour de sa prestation lors d’un concert à l’Albert Hall. Daltrey, manifestement agacé, s’était publiquement plaint sur scène : « Pour chanter ce morceau, j’ai besoin d’entendre la tonalité, or tout ce que j’ai, ce sont des tambours qui font boum, boum, boum… » Une remarque cinglante, qui a provoqué un déchaînement de réactions.
Zak Starkey n’a pas tardé à répondre, usant d’un humour grinçant en rebaptisant le chanteur « Toger Daktrey » et en ironisant sur une « plainte pour excès de jeu » à son encontre. Trois jours plus tard, il était pourtant réintégré. Une accalmie passagère, présentée alors par Townshend comme la résultante d’une discussion franche : « Des problèmes de communication, personnels et privés, ont été résolus. »
Deuxième renvoi, même chaos
Mais la trêve aura été de courte durée. Un mois plus tard, Starkey est à nouveau écarté. Cette fois, l’affaire prend un tour plus dramatique, car le batteur refuse d’endosser le rôle qu’on veut lui faire jouer. « J’ai été viré deux semaines après avoir été réintégré, et on m’a demandé de déclarer publiquement que je quittais le groupe pour me consacrer à d’autres projets. C’est faux. Jamais je n’aurais quitté The Who de moi-même. »
Avec une verve amère, Starkey décrit ces dernières semaines comme « un chaos absolu, à entrer, sortir, entrer, sortir… comme un foutu accordéon sanglant. » Il reconnaît avoir des projets parallèles, mais affirme que cela n’a jamais interféré avec ses engagements au sein du groupe : « Je les ai toujours honorés. Je les aime tous, et j’aime The Who. »
Une héritage familial bouleversé
La déchirure est d’autant plus douloureuse que Starkey représente une sorte de passerelle entre deux ères du rock britannique. Son père, Ringo Starr, fut l’âme rythmique des Beatles, tandis que Keith Moon, batteur originel de The Who et mentor de Zak, lui avait offert sa première batterie à l’âge de huit ans. En intégrant The Who en 1996, Starkey semblait accomplir une sorte de destin naturel, liant deux des groupes les plus mythiques de l’histoire.
Ce renvoi brutal vient rompre ce fil symbolique. Non pas que Zak soit dépendant de ce groupe : musicien aguerri, il a joué avec Oasis, Johnny Marr, Paul Weller ou encore les Lightning Seeds. Mais The Who était bien plus qu’un contrat : c’était une histoire, une filiation, un lien intime.
Crises et tensions dans le rock contemporain
Cet épisode vient s’ajouter à une série de remous dans le monde du rock : quelques jours plus tôt, c’est Josh Freese, batteur des Foo Fighters depuis la mort de Taylor Hawkins, qui a été à son tour écarté. « En quarante ans de carrière, c’est la première fois qu’on me renvoie d’un groupe, » a-t-il déclaré, visiblement sonné. Ces turbulences témoignent d’une réalité souvent occultée : derrière les projecteurs, les égos, les exigences artistiques et les dynamiques humaines sont parfois explosives.
Chez The Who, groupe historique mais vieillissant, les tensions ne sont pas nouvelles. Townshend et Daltrey, seuls membres originaux survivants, ont maintenu le cap avec volonté, mais non sans heurts. L’épisode Starkey montre que le vernis de l’harmonie peut vite se craqueler, même après trois décennies de collaboration.
Et maintenant ?
Alors que The Who prépare ce qui pourrait être sa dernière tournée nord-américaine, la question reste en suspens : qui assurera la batterie ? Et surtout, le groupe saura-t-il préserver sa cohésion dans un contexte aussi instable ?
Quant à Zak Starkey, s’il sort blessé de cette épreuve, il n’en reste pas moins l’un des batteurs les plus respectés de sa génération. Fidèle à la mémoire de Keith Moon, mais fort d’une identité propre, il poursuivra son chemin. Dans ce tumulte, il rappelle, peut-être à son insu, une vérité essentielle du rock : les passions, les conflits, les excès même, sont le prix à payer pour une intensité qui, parfois, frôle la transcendance.