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 Dick James : L’homme qui a fait fortune avec les chansons des Beatles

Si les Beatles ont marqué l’histoire de la musique avec leurs mélodies intemporelles, peu de gens réalisent à quel point leur succès a également été une histoire de gros sous et de contrats piégeux. Dick James, éditeur musical et cofondateur de Northern Songs, est une figure clé de cette saga.

Au départ simple chanteur de variétés, il a su tirer profit de son sens des affaires pour bâtir un empire en publiant les compositions de John Lennon et Paul McCartney. Pourtant, son nom reste attaché à l’un des plus grands regrets du duo : la perte du contrôle de leur propre catalogue musical.

Comment cet homme, qui semblait au départ un allié du groupe, est-il devenu celui qui leur a enlevé leurs chansons ?

Des débuts de chanteur à l’édition musicale

Né Reginald Leon Isaac Vapnick le 12 décembre 1920 dans l’East End de Londres, Dick James est le fils d’immigrants juifs polonais. Dès l’adolescence, il développe un goût pour la musique et se fait remarquer en chantant avec des orchestres de danse à Londres.

Dans les années 1940, après la guerre, il adopte un nom plus commercial et rejoint l’orchestre de Cyril Stapleton. Il connaît un certain succès avec des chansons populaires et se fait un nom dans l’industrie musicale britannique.

Son moment de gloire en tant que chanteur arrive en 1955, lorsqu’il enregistre la chanson “Robin Hood”, thème de la célèbre série télévisée britannique The Adventures of Robin Hood. Ce titre produit par George Martin, futur producteur des Beatles, devient un hit.

Mais James comprend vite qu’il ne fera pas carrière comme interprète. L’édition musicale lui semble plus lucrative, et en 1961, il crée Dick James Music, sa propre maison d’édition.

Le coup de maître : publier les chansons des Beatles

En 1963, Brian Epstein, manager des Beatles, cherche un éditeur musical pour “Please Please Me”, leur premier grand succès. Il envisage de travailler avec Hill & Range, l’éditeur d’Elvis Presley, mais George Martin lui suggère de confier cette tâche à quelqu’un de plus affamé de succès.

C’est ainsi qu’il recommande Dick James, un homme encore relativement modeste, mais ambitieux. James écoute la chanson, comprend son potentiel, et promet immédiatement d’assurer une large promotion aux Beatles.

« Brian savait que Dick James avait de l’expérience et qu’il était bien connecté dans le milieu. John et Paul commençaient à écrire leurs propres chansons et Brian voulait s’assurer qu’ils en tirent profit. »
— Neil Aspinall, Anthology

Lors de leur première rencontre, Epstein demande à James ce qu’il peut faire que la maison de disques EMI ne pourrait pas. Pour prouver son influence, James décroche immédiatement son téléphone et appelle Philip Jones, producteur de l’émission TV Thank Your Lucky Stars. En quelques minutes, il obtient pour les Beatles leur première apparition télévisée nationale, un coup de génie qui scelle leur partenariat.

Grâce à ce succès, James convainc Epstein de créer une nouvelle maison d’édition, Northern Songs, pour gérer les droits d’auteur de Lennon et McCartney. Mais le contrat signé ce jour-là allait devenir un piège.

Northern Songs : un contrat piégeux pour les Beatles

Le 22 février 1963, John Lennon et Paul McCartney sont emmenés dans une petite maison de Liverpool où ils signent un contrat dont ils ne mesurent pas encore les conséquences.

« On ne nous a jamais dit : ‘C’est votre avocat, il défend vos intérêts’. On a juste signé sans trop comprendre ce que c’était. Et ce contrat est toujours en vigueur aujourd’hui. C’était draconien ! »
— Paul McCartney, Many Years From Now

À l’époque, Lennon et McCartney ne comprennent pas vraiment le concept du droit d’auteur. Ils pensent qu’une chanson “existe dans l’air”, et ne réalisent pas que son propriétaire légal peut en faire ce qu’il veut.

Leur naïveté joue en faveur de Dick James et son partenaire Charles Silver, qui prennent le contrôle majoritaire de Northern Songs.

La répartition des parts de Northern Songs :

  • 25 % pour Dick James
  • 25 % pour Charles Silver
  • 20 % pour John Lennon
  • 20 % pour Paul McCartney
  • 10 % pour Brian Epstein

Le problème ? James et Silver possèdent 51 % des parts contre 49 % pour les Beatles et Epstein, leur permettant de tout décider sans l’accord des musiciens.

De l’ami au traître : la vente de Northern Songs

Pendant des années, James joue son rôle d’éditeur : il place les chansons des Beatles chez d’autres artistes, s’occupe des droits d’auteur et empêche qu’elles soient sur-exploitées. Il devient un homme clé dans l’entourage du groupe.

Mais après la mort de Brian Epstein en 1967, la relation entre James et les Beatles se détériore. Epstein était le seul véritable intermédiaire entre eux, et avec son absence, les Beatles réalisent à quel point ils sont liés par des contrats injustes.

En 1969, alors qu’Apple Corps est en proie au chaos financier, James vend ses parts de Northern Songs à ATV, la société du magnat de la télévision Sir Lew Grade, sans consulter Lennon et McCartney.

« Dick James nous a vendus. Il ne nous a même pas donné la chance d’acheter nos propres chansons. »
— John Lennon, Anthology

Ce coup les dépossède définitivement de leur propre catalogue.

Pourquoi les Beatles n’ont-ils pas pu racheter Northern Songs ?

Lennon et McCartney tentent de contre-attaquer et proposent une offre de rachat, mais les grands investisseurs préfèrent vendre à ATV.

John Lennon gâche involontairement leurs chances en insultant les financiers :

« J’en ai marre de me faire baiser par ces types en costard qui s’engraissent en ville ! »

Résultat : les actionnaires préfèrent vendre à ATV, et les Beatles perdent définitivement leurs chansons.

L’après Beatles et la guerre avec Elton John

Après la vente de Northern Songs, James fonde en 1969 DJM Records, un label qui signe Elton John et Bernie Taupin. Il publie tous leurs albums jusqu’en 1976, mais leur relation se détériore dans les années 1980.

En 1982, Elton John l’attaque en justice pour non-paiement de royalties et obtient plus d’un million de livres de dommages et intérêts.

Mort et héritage

Dick James meurt en 1986, emportant avec lui l’une des plus grandes frustrations des Beatles.

« Il a osé dire qu’il nous avait ‘créés’. J’aimerais entendre sa musique, tiens ! »
— John Lennon

Sa trahison a laissé un goût amer, surtout pour McCartney, qui ne récupérera jamais complètement le contrôle de son catalogue. Ce n’est qu’en 2017 que son combat juridique lui permettra enfin de reprendre une partie de ses droits.

Le rêve et le cauchemar Beatles

Dick James a été un allié indispensable au début des Beatles, mais aussi l’un des grands profiteurs de leur talent. Son histoire est une leçon cruelle sur les dessous de l’industrie musicale : un monde où les artistes créent, mais où d’autres font fortune à leur place.

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