Dans la mythologie autour de John Lennon, ses relations personnelles revêtent un caractère quasi légendaire. Son mariage avec Yoko Ono, tour à tour salué et controversé, est perçu comme un élément majeur ayant influencé la dernière phase des Beatles, puis la carrière solo de Lennon. Cependant, la période connue sous le nom de « week-end perdu » (ou Lost Weekend) de Lennon, s’étendant de 1973 à 1975, a introduit un autre personnage dans sa vie : May Pang. L’histoire de leur liaison est depuis longtemps sujette à discussion, alimentée par les témoignages contradictoires entre Pang elle-même et d’autres protagonistes du cercle proche de Lennon. Alors que Pang soutient que sa relation avec l’ancien Beatle n’a jamais complètement pris fin, jusqu’à la mort de ce dernier en 1980, plusieurs témoins affirment qu’elle ne fut qu’un épisode passager, voire un simple arrangement ponctuel orchestré par Ono. Ci-dessous, un tour d’horizon sur ce qui est connu de cette romance, de ses implications pour Lennon et des souvenirs contrastés d’Elliot Mintz, ami intime du chanteur et confident du couple Lennon-Ono.
Sommaire
Le contexte : la « pause » de John Lennon et Yoko Ono
Les tensions dans le couple Lennon-Ono
En 1973, le mariage de John Lennon et Yoko Ono traverse une crise profonde : après plusieurs années de partenariat artistique et personnel quasi fusionnel, des divergences émergent. Ono, de son propre aveu, trouve parfois la présence constante de Lennon étouffante, tandis que lui vit un tourbillon d’émotions et d’errances, dont l’alcool et les fêtes nocturnes font partie. Ils décident donc, à l’initiative d’Ono, d’une forme de séparation « contrôlée ». Les détails exacts demeurent flous, mais l’essence est la suivante : Ono suggère que Lennon prenne ses distances, et si besoin, entame une relation avec l’assistante du couple, May Pang.
May Pang, l’assistante devenue compagne
May Pang, alors salariée du couple Lennon-Ono, hésite devant cette proposition singulière. D’abord réticente, elle finit par se laisser convaincre. Quant à Lennon, il voit dans cette pause un moyen d’explorer un nouvel horizon, de surmonter son mal-être. Ainsi débute ce qu’on appellera « le week-end perdu » — un surnom trompeur, puisque la période dure en réalité 18 mois, dont une partie se passe à Los Angeles, loin de la structure new-yorkaise de Lennon et Ono.
L’idylle selon May Pang : une histoire plus durable qu’il n’y paraît
Pang se souvient d’une intimité persistante
Dans ses interviews et ses écrits, May Pang raconte que, même après le retour de Lennon auprès d’Ono en 1975, elle et le musicien ont continué de se fréquenter en secret. Selon elle, Lennon n’aurait jamais vraiment rompu leur lien. Elle se remémore des rencontres clandestines, ponctuées de mots doux, Lennon lui confiant : « Je t’aime toujours », ou exprimant un regret quant à leur séparation. Pang estime que la dimension affective entre eux subsistait, alimentant l’idée que son rôle dépassait celui d’une simple entremise passagère.
Une relation entachée par la présence constante d’Ono
Malgré ce climat sentimental, Pang sent qu’Ono n’est jamais bien loin. Elle explique qu’Ono appelle fréquemment, parlant tantôt à Lennon, tantôt à Pang, comme pour garder un contact direct sur l’évolution de la situation. Aux yeux de l’assistante, Ono n’a jamais réellement « lâché » Lennon. Elle aurait mis en place un contrôle discret, demandant des comptes sur les faits et gestes du musicien, parfois même dispensant des conseils de loin.
La voix discordante d’Elliot Mintz : une autre interprétation
Mintz, confident de John et Yoko
Elliot Mintz a connu Lennon et Ono dans les années 1970, devenant l’un de leurs amis et interlocuteurs privilégiés. Son livre We All Shine On: John, Yoko, and Me se présente comme un témoignage de premier ordre sur la dynamique du couple, ainsi que sur cette fameuse liaison avec Pang.
Un souvenir où Pang est relativement absente
Selon Mintz, Pang a beaucoup exagéré l’importance de son rôle durant le week-end perdu. Il ne nie pas qu’elle fut une compagne de Lennon, mais d’après lui, elle n’aurait jamais été « le centre brûlant de l’univers de John ». Mintz prétend ne jamais avoir entendu le chanteur évoquer May Pang, alors même qu’ils se parlaient régulièrement. Au fil des chapitres, Mintz souligne qu’il appréciait Pang en personne, mais juge sa version des faits beaucoup trop romancée, conduisant le public à surestimer la place de cette liaison dans la vie de Lennon.
Des points de mémoire inconciliables
Ainsi, on se retrouve face à deux visions presque antinomiques :
- Celle de Pang : un amour profond, qui traverse l’épreuve du temps, survivant même après le retour de Lennon auprès d’Ono.
- Celle de Mintz : un simple épisode dans la vie sentimentale et artistique de Lennon, guère mentionné par l’ex-Beatle.
Le retour de Lennon auprès d’Ono et ses conséquences
Une réconciliation en 1975
Au début de 1975, Lennon rentre finalement à New York et regagne la demeure conjugale qu’il partageait avec Yoko Ono. Selon certains, la lassitude de son existence californienne (sorties nocturnes, alcool, chaos personnel) et la prise de conscience que son bonheur se trouvait auprès d’Ono expliquent ce choix. Lui-même affirme dans une interview :
« Nous avons fini par nous remettre ensemble parce que nous nous aimions. […] Je me comportais comme un poulet sans tête pendant la séparation. »
Un Lennon plus apaisé
Cette réconciliation marque un tournant : Ono tombe enceinte de leur fils Sean, né en octobre 1975. Lennon se retire alors quasi entièrement de la scène musicale pour devenir, selon ses dires, un « house-husband », se consacrant à l’éducation de Sean et se tenant à l’écart de la médiatisation pendant près de cinq ans, jusqu’à la sortie de l’album Double Fantasy en 1980. Du point de vue de la liaison avec Pang, cet arrangement s’effondre : Lennon se recentre sur sa relation initiale, Ono.
Réévaluation et postérité
L’ambiguïté autour de la liaison Pang-Lennon
Si May Pang maintient sa version selon laquelle leur idylle n’a jamais été totalement close avant la mort tragique de Lennon, la plupart des amis ou témoins de l’époque estiment que le retour du chanteur vers Ono a sonné la fin de cette parenthèse. Il est plausible, toutefois, que Lennon ait pu chercher du réconfort ponctuel auprès de Pang durant ses dernières années, pris en étau entre ses velléités de liberté et l’emprise qu’il percevait d’Ono. Mais l’absence de sources plus formelles rend cette hypothèse fragile.
Les doutes quant aux motivations d’Ono
Il est souvent souligné que c’est Ono elle-même qui, voyant l’infidélité presque inévitable ou sentant l’étouffement mutuel, aurait suggéré cette relation avec Pang. Cette forme de contrôle paradoxal (ou d’acceptation lucide) s’inscrit dans la singularité du couple Lennon-Ono, où fusion artistique et jalousie pouvaient coexister. Ono pouvait préférer qu’une personne de confiance comme Pang s’occupe de Lennon, plutôt qu’une liaison avec une inconnue susceptible de semer plus de zizanie.
La relation entre John Lennon et May Pang est un chapitre atypique du parcours du musicien, souvent surnommé le « week-end perdu » mais, en réalité, courant sur dix-huit mois. Si, pour May Pang, cette liaison allait bien au-delà d’une simple parenthèse, d’autres proches, à l’instar d’Elliot Mintz, soutiennent qu’elle fut plus accessoire dans la vie de Lennon, qui, somme toute, avait des préoccupations plus vastes et retrouvait toujours son ancrage auprès de Yoko Ono. À la fin de sa vie, Lennon n’évoquait guère Pang, ce que Mintz interprète comme la preuve qu’elle n’a pas été une compagne durablement essentielle à ses yeux.
Malgré tout, les témoignages divergent, illustrant qu’au cœur du star-system et du cercle intime d’une figure comme Lennon, la perception des événements peut radicalement varier selon qu’on se situe dans l’ombre ou la lumière. Le public retient surtout la réconciliation de Lennon et Ono, leur nouveau départ en 1975, puis la tragédie de 1980. La figure de May Pang demeure comme un témoin de l’errance de Lennon, ce moment entre deux feux, chargé de fêtes et d’excès, mais aussi d’une certaine complicité affective. Au-delà de la véracité de chaque détail, l’épisode Pang reflète la complexité des liens que Lennon entretenait alors avec son entourage, dans la tension permanente entre liberté et dépendance affective.
Cet article répond aux questions suivantes :
- Comment la relation entre John Lennon et May Pang a-t-elle commencé ?
- Quelle a été l’implication de Yoko Ono dans leur liaison ?
- Que dit May Pang sur la durée de sa relation avec John Lennon ?
- Comment Elliot Mintz perçoit-il la relation entre John Lennon et May Pang ?
- Pourquoi John Lennon est-il retourné auprès de Yoko Ono en 1975 ?