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Pourquoi John Lennon défendait Ringo Starr face aux comparaisons avec Charlie Watts

Depuis plus d’un demi-siècle, la rivalité Beatles vs. Rolling Stones anime l’imaginaire collectif des fans de rock. Les deux groupes mythiques, fers de lance de l’invasion britannique dans les années 1960, ont pourtant peu en commun en termes de tempérament musical et d’approche scénique. Sur de nombreux points, ils ont développé des esthétiques opposées : là où les Stones cultivent leur image de « mauvais garçons » du rock, les Beatles se présentent comme des garçons pleins d’ironie et d’audace, portés par la soif d’expérimentation. Les comparaisons n’ont jamais cessé, et chacune a développé son lot de clichés. Parmi ces nombreux parallèles, il en est un qui exaspérait particulièrement John Lennon : celui de la supériorité présumée de Charlie Watts (le batteur des Rolling Stones) sur Ringo Starr (celui des Beatles). Un grief peu évoqué, qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Deux styles, deux mondes : Les Beatles et les Rolling Stones

L’identité ouvrière des Beatles vs. l’origine plus aisée des Stones

Lorsque l’on parcourt les biographies et témoignages de la scène britannique des sixties, il est souvent rappelé que les Beatles, nés à Liverpool, portaient en eux une culture de ville portuaire dure, tandis que la plupart des membres des Stones venaient de la banlieue plutôt aisée du sud de l’Angleterre. Cette disparité sociale s’est reflétée dans l’attitude sur scène. Les Beatles, façonnés par l’humour scouse et leur passage formateur à Hambourg, montraient un mélange d’insouciance et de cohésion collective. À l’inverse, les Stones misaient sur un style plus provocant, plus sexualisé, où l’égo en scène (particulièrement celui de Jagger et Richards) prenait une large place.

La vie sur scène et en studio

Sur scène, le style des Beatles était réputé pour son professionnalisme, mais aussi pour l’étincelle de camaraderie entre John, Paul, George et Ringo. Les Rolling Stones, eux, offraient une énergie brute et éraillée, parfois critiquée pour son manque de cohésion scénique, mais qui faisait vibrer par son grain blues-rock atypique. Concernant l’univers en studio, George Martin a fortement contribué à une élégance pop chez les Beatles, alors que les Stones travaillaient avec des producteurs (comme Andrew Loog Oldham, puis Jimmy Miller) qui soulignaient leur côté rock-blues rugueux.

Lemmy décrypte la différence

Le regretté Lemmy Kilmister, leader de Motörhead, livrait une analyse sans concession. Selon lui, la réputation de « durs à cuire » revenait aux Beatles parce que Liverpool incarnait une ville ouvrière, rude, alors que les Stones, issus de Londres, passaient pour des fils à maman. Cela peut surprendre, tant l’image inverse (les Stones plus rebelles, les Beatles plus lisses) a été entretenue par la presse. Mais Lemmy rappelait qu’en matière de concerts, les Beatles « étaient le matériel », autrement dit plus impressionnants à leurs débuts, tandis que les Stones, malgré de grands disques, offraient parfois des performances chaotiques.

Le point de discorde pour Lennon : Ringo Starr vs. Charlie Watts

Deux batteurs inestimables pour leurs groupes

Charlie Watts, formé au jazz et attaché à un jeu plus « dépouillé », est souvent encensé pour sa touche minimaliste et raffinée, atténuant l’exubérance de Jagger et Richards. De l’autre côté, Ringo Starr, avec son style discret et son attitude placide, a été crucial à la stabilité rythmique des Beatles. Bien qu’il n’ait pas de formation de jazzman, il s’impose comme un batteur résolument efficace, dont le jeu modeste (au service de la chanson) est pourtant redoutablement inventif.

L’agacement de Lennon face aux comparaisons

Dans les interviews, John Lennon s’est montré parfois agressif quant aux critiques envers Ringo, considérant qu’on le sous-estimait chroniquement. Il tolérait mal qu’on érige Charlie Watts en parangon d’élégance ou de compétences supérieures. Selon Lennon, si Watts est « excellent dans son style jazzy », Ringo n’en demeure pas moins un batteur tout à fait à la hauteur et parfaitement en phase avec les exigences artistiques des Beatles. Les diatribes de Lennon opposant Watts et Starr soulignent que, pour lui, la différence de parcours (Ringo n’était pas passé par le jazz) ne justifiait pas qu’on le place en seconde classe.

Les déclarations de Lennon sur Ringo et Charlie

« Ringo est un sacré bon batteur »

Dans The Beatles Anthology, Lennon défend vigoureusement son ami :

« Ringo est un sacré bon batteur. Il n’est pas bon techniquement, mais sa batterie est sous-estimée. »
Dès lors, Lennon remet en question l’idée selon laquelle la virtuosité technique est le seul critère pour évaluer un musicien de rock. Pour lui, l’esprit d’innovation, la capacité à servir la chanson et l’esprit d’équipe priment, et Ringo excelle sur ces aspects.

Un grief envers la perception sociale

Lennon poursuit en affirmant que si Charlie Watts bénéficie d’une aura spéciale, c’est notamment grâce à son background jazz et son attrait pour la culture artistique, alors que Ringo, simple autodidacte de la classe ouvrière, serait regardé de haut. Il argue que Paul McCartney, à la basse, subit parfois la même condescendance lorsque comparé à des bassistes plus « théoriques » d’autres groupes. Pourtant, pour Lennon, la richesse mélodique de Paul et la fiabilité groovy de Ringo égalent, voire surpassent celles de n’importe quel musicien rock de l’époque.

Pourquoi ces comparaisons étaient-elles si vives ?

Le climat de rivalité Beatles/Stones

Dans les années 1960, la presse alimente sans cesse l’opposition Beatles vs. Rolling Stones, à coups d’articles sensationnalistes. Des fans se rangent en clans, les uns préférant l’énergie brute des Stones, les autres soutenant la polyvalence pop des Beatles. Le débat s’étend jusqu’aux batteurs : Charlie Watts apparaît comme un pilier discret, tandis que Ringo est jugé « chanceux » d’avoir atterri dans un groupe surdoué. Lennon considère cette lecture injuste, trouvant que l’on n’accorde pas assez de crédit au style distinctif de Ringo.

Un souci d’ancrage social et d’image

Sur un plan plus socioculturel, Ringo, issu de la classe populaire de Liverpool, pâtit d’un stéréotype. Son style direct, sans technique ostentatoire, est perçu comme inférieur à celui de Watts, plus chic dans l’imagerie. Lennon, conscient de la dimension classiste, se rebelle contre ce préjugé qu’il juge superficiel.

L’importance du jeu de Ringo Starr

Un complément indispensable pour l’audace du groupe

En écoutant la discographie des Beatles, on constate que la batterie de Ringo, derrière son apparente simplicité, offre des schémas rythmiques uniques, de « Ticket to Ride » à « Come Together », marquant l’identité sonore du groupe. Lennon sait que cette contribution est cruciale, surtout dans les contextes expérimentaux (effets de studio, pièces psychédéliques) où un batteur plus démonstratif aurait pu surcharger les morceaux.

L’éloge tardif de certains critiques

De nombreux musiciens professionnels, plus tard, ont soutenu la thèse selon laquelle Ringo était un batteur subtil, un spécialiste du “feel” et de la créativité dans la discrétion. Des batteurs comme Dave Grohl ou Phil Collins ont salué la sensibilité rythmique de Starr. Ces retours valident la position de Lennon, qui, au-delà de son mauvais caractère, revendiquait la véritable compétence de son camarade.

À travers ses déclarations, John Lennon a exprimé combien il abhorrait l’idée qu’on dise « Charlie Watts est meilleur que Ringo Starr ». Non pas qu’il ait dénigré Watts – il le reconnaissait lui aussi comme un formidable batteur – mais il trouvait injuste le traitement réservé à Ringo, jugé trop rapidement moins « artistique » ou moins « technique ». En défendant ardemment son ami, Lennon soulignait en creux les enjeux plus larges des comparaisons stériles dans le rock : classe sociale, formation musicale, style visible sur scène… tout cela biaise souvent l’évaluation de la réelle contribution artistique d’un musicien.

Dans cette optique, les rumeurs ou commentaires de la presse autour de la rivalité Beatles/Stones venaient heurter le sentiment d’équité que Lennon désirait pour les talents au sein de son propre groupe. Il était aussi conscient que l’héritage de la classe ouvrière de Liverpool ne devait pas être synonyme de moindre qualité. À la postérité, Ringo Starr demeure comme un batteur sous-estimé, pourtant essentiel, ce que Lennon, malgré ses critiques virulentes d’autres aspects, n’a jamais cessé de marteler : Ringo est au moins l’égal de Charlie Watts, ni plus ni moins.

Cet article répond aux questions suivantes :

  • Quelle comparaison entre les Beatles et les Rolling Stones irritait John Lennon ?
  • Pourquoi John Lennon pensait-il que Ringo Starr était sous-estimé ?
  • Quels arguments Lemmy de Motörhead a-t-il avancés pour différencier les Beatles des Rolling Stones ?
  • Comment John Lennon a-t-il comparé Paul McCartney et Ringo Starr aux membres des Rolling Stones ?
  • Pourquoi John Lennon pensait-il que le milieu social influençait les perceptions des musiciens ?

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