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Les rares compliments de John Lennon envers les chansons de Paul McCartney

Au sein du tandem légendaire que formaient John Lennon et Paul McCartney au début de la carrière des Beatles, la cohésion semblait presque parfaite : deux jeunes musiciens issus de la banlieue de Liverpool, s’alliant pour donner forme à certaines des chansons les plus emblématiques de l’histoire de la pop. En réalité, si cette symbiose a longtemps nourri leur univers artistique, elle a progressivement muté au fil des années : ils se sont chacun découvert des identités musicales plus tranchées, leurs approches divergentes entraînant une tension croissante dans le groupe. D’un côté, Lennon s’orientait vers une écriture plus symbolique, parfois introspective, souvent engagée ou spirituelle ; de l’autre, McCartney développait son goût pour les mélodies accessibles, les personnages fictifs et les récits fantaisistes.

Lorsque les Beatles ont entamé leur métamorphose musicale au milieu et à la fin des années 1960, ces divergences se sont faites plus marquées. Lennon, plus radical, a parfois dénoncé le travail de McCartney en le qualifiant de « merde de grand-mère » ou de « déchet », tandis qu’il célébrait davantage ce qu’il percevait comme des compositions plus profondes ou plus critiques du monde. Or, sous ces attaques verbales, s’estompaient aussi de l’authentique respect et de l’affection que Lennon gardait pour l’écriture mélodique de son ancien camarade. À plusieurs reprises, malgré les tensions, Lennon n’a pas hésité à reconnaître la valeur de certaines chansons de McCartney. Et si ces compliments étaient souvent brefs, presque timides, ils permettent de cerner la complexité de leurs rapports.

Dans ce qui suit, nous explorerons quatre de ces morceaux phares — « Fixing a Hole », « Yesterday », « Hey Jude » et « The Fool on the Hill » — pour lesquels Lennon a laissé tomber, un instant, sa critique acerbe afin de saluer le talent d’écriture de Paul McCartney.

L’évolution divergente de John Lennon et Paul McCartney

Des débuts fusionnels : un même langage musical

Aux tout premiers temps, Lennon et McCartney étaient comme deux moitiés d’un même esprit créatif. Ils apprennent ensemble à composer, à polir leurs titres, et leur complicité rayonne sur les premiers succès des Beatles : on parle du « miracle Lennon-McCartney » quand on évoque « I Want to Hold Your Hand », « From Me to You » ou encore « She Loves You ». Ces chansons directes et efficaces révolutionnent la pop britannique.

Des chemins distincts au gré des albums

En quelques années, les Beatles se transforment, passent du rock jovial de A Hard Day’s Night à la sophistication pop de Rubber Soul, puis aux expérimentations de Revolver et Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Au fil de ces mutations, les personnalités de Lennon et McCartney se révèlent :

  • John Lennon : plus incisif, parfois cynique, s’inspirant de ses introspections (ex. « Help ! », où il avoue son mal-être), se tournant vers des textes plus avant-gardistes, cryptiques, ou engagés.
  • Paul McCartney : mélodiste hors pair, il s’oriente vers un onirisme doux, créant des univers de personnages fictifs (cf. Sgt. Pepper’s ou Magical Mystery Tour), s’autorisant un lyrisme teinté de fantaisie.

Les critiques acides de Lennon

En constatant que McCartney amenait une tonalité plus « conte de fées » dans certaines chansons, Lennon qualifie cette veine de « grandma music ». Les différends sur la direction artistique se multiplient : Lennon trouve des ballades de Paul trop faciles, trop « mignonnes ». McCartney estime de son côté que certains morceaux de Lennon manquent de romantisme ou demeurent trop ésotériques. Mais sous cet apparent affrontement, on devine qu’il reste, chez Lennon, une forme d’admiration pour la qualité de plume de McCartney.

« Fixing a Hole »: un fragment de lumière dans Sgt. Pepper’s

Le contexte de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band

Sorti en 1967, ce disque conceptuel répond en grande partie à l’impulsion de McCartney. L’idée : incarner un groupe imaginaire, le Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, afin de libérer la créativité de chacun. Lennon, loin d’être réfractaire, participe à l’aventure, mais il déclare plus tard qu’il ne se reconnaît pas dans toutes les chansons psychédéliques et narratives initiées par McCartney.

Le coup de cœur de Lennon pour « Fixing a Hole »

Malgré sa réserve vis-à-vis du projet, Lennon avoue apprécier particulièrement « Fixing a Hole ». Il voit dans ce titre l’une des preuves que McCartney est capable d’écrire « de bonnes paroles ». La chanson traite, de façon métaphorique, d’un esprit qui s’évade, d’un auteur qui se libère des limites. Lennon y reconnaît un certain élan poétique, un style personnel de McCartney qui, cette fois, trouve grâce à ses yeux.

La remarque de Lennon n’est pas dithyrambique, mais si l’on songe au climat tendu du groupe à cette période, il s’agit d’un compliment notable. Cela suggère que, dans l’effervescence de Sgt. Pepper’s, Lennon perçoit chez McCartney un talent d’auteur sérieux, au-delà des scories qu’il lui reproche habituellement.

« Yesterday » : la chanson culte plébiscitée

La genèse de « Yesterday »

Au départ, sous le titre provisoire « Scrambled Eggs », « Yesterday » est un morceau apparu sur l’album Help! en 1965. C’est l’une des premières ballades introspectives de McCartney, entièrement portée par sa voix et un accompagnement de guitare acoustique. L’ajout d’un quatuor à cordes, orchestré par George Martin, élève la chanson au rang de standard pop intemporel.

Le regard de Lennon

Lennon reconnaît clairement la réussite de « Yesterday ». Alors qu’il aurait pu la taxer de mièvre ou de sucrée, il admet :

« Paul a écrit les paroles de “Yesterday”. Bien que les paroles ne se résolvent pas vraiment, elles sont bonnes. Elles fonctionnent. »

Mieux encore, Lennon se montre protecteur à l’égard de McCartney, en soulignant que c’est bel et bien la chanson de Paul, et qu’il ne faut pas lui attribuer à lui-même. Il conclut : « Bravo. » Dans ce cas précis, on peut parler d’une salve d’admiration, certes ponctuée d’un bémol, mais suffisamment explicite pour reconnaître la puissance émotionnelle et la pertinence mélodique de ce morceau emblématique.

« Hey Jude » : l’hymne universel qui a séduit Lennon

 

Une œuvre indissociable de la légende des Beatles

Publié en single en août 1968, « Hey Jude » est rapidement devenu l’un des titres phares du groupe. Composé par McCartney pour consoler Julian (le fils de John) lors du divorce de ses parents, il évolue en un hymne à la positivité et à l’espoir. La longue coda finale, avec ses « na na na » repris à l’infini, est l’un des passages les plus marquants de la discographie des Beatles.

Lennon défend la phrase-clé et adore la chanson

D’après plusieurs témoignages, Lennon voit dans « Hey Jude » la plus belle chanson de McCartney. Il estime que les paroles recèlent différentes couches de sens. Lui-même y projette son histoire d’amour avec Yoko, convaincu que Paul ne fait que parler de leur situation. Surtout, il défend la ligne :

« The movement you need is on your shoulder. »
Lorsqu’il apprend que McCartney juge cette phrase un peu maladroite, Lennon lui ordonne de la garder, déclarant :
« Ne change rien, c’est la meilleure ligne de la chanson ! »

Ainsi, pour Lennon, « Hey Jude » illustre la capacité rare de McCartney à fusionner un sentiment intime et universel. Dire qu’il s’agit de sa « meilleure chanson » constitue sans doute l’un des plus grands compliments que Lennon puisse faire.

« The Fool On The Hill » : un éloge discret dans Magical Mystery Tour

Retour sur l’époque Magical Mystery Tour

En 1967, McCartney poursuit l’idée d’un nouveau projet, Magical Mystery Tour, prolongeant l’esprit psychédélique et fantasque amorcé avec Sgt. Pepper’s. John Lennon, davantage concentré sur « I Am the Walrus », se montre plutôt sceptique sur certaines orientations de McCartney, qu’il juge trop naïves ou trop enfantines.

Les louanges, malgré tout, sur « The Fool On The Hill »

Lennon émet pourtant un avis positif concernant « The Fool On The Hill ». Selon lui, c’est une autre chanson prouvant la solidité de McCartney en tant qu’auteur de paroles. Il lâche alors un commentaire, certes teinté d’orgueil, mais sincère :

« Encore une bonne parole […] Cela montre qu’il est capable d’écrire des chansons complètes. »

Cette remarque, bien que brève, revêt une importance lorsqu’on sait à quel point Lennon pouvait être virulent à l’encontre des titres qu’il considérait “inférieurs”. Dans « The Fool On The Hill », il reconnaît l’élégance d’un texte dépeignant un individu incompris, un brin de poésie contemplative qui, selon lui, tient parfaitement la route.

L’ambivalence de John Lennon face à la plume de Paul McCartney

Une relation profonde au-delà des critiques

Entre Lennon et McCartney, la rivalité et l’admiration se mêlent sans cesse. Si Lennon qualifiait les chansons de McCartney de « grand-mère » ou de « merde de grand-mère », c’est aussi parce qu’il voyait en lui un rival créatif de taille, un partenaire qui réussissait à produire des tubes populaires. Sous ces mots durs, se cachait un respect latent, parfois révélé au détour d’une confession publique ou d’un commentaire en studio.

Quatre exemples significatifs

Parmi les morceaux que Lennon a loués, « Fixing a Hole » souligne la force narrative de McCartney, « Yesterday » illustre sa sensibilité intemporelle, « Hey Jude » met en lumière sa puissance d’instantané cathartique, et « The Fool on the Hill » prouve sa faculté à proposer des textes plus profonds qu’ils n’en ont l’air. Dans chacune de ces œuvres, l’alchimie du tandem Lennon/McCartney demeure perceptible, même si Lennon s’éloignait de plus en plus de la vision pop idyllique de Paul.

Un héritage qui transcende les divergences

Au bout du compte, la postérité retient surtout que l’un et l’autre ont co-signé une partie du patrimoine musical le plus important du XXe siècle. Les critiques acides de Lennon envers McCartney n’ont pas entaché la qualité intrinsèque de ces morceaux, ni empêché le public de les adorer. Dans les rares déclarations où Lennon reconnait la valeur des paroles de son ancien complice, on comprend que leur duo restait un noyau de respect mutuel et de nostalgie pour leurs premières années créatives.

Cet article répond aux questions suivantes :

  • Pourquoi John Lennon était-il critique envers certaines chansons de Paul McCartney ?
  • Quelles chansons de Paul McCartney ont été louées par John Lennon ?
  • Comment John Lennon a-t-il décrit « Hey Jude » ?
  • Quels genres de différences existaient entre les styles d’écriture de John Lennon et de Paul McCartney ?
  • Que pensait John Lennon de l’album Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band ?

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