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Et soudain, la terre a tourné au tempo des Beatles

Pourquoi un nouveau film sur les Beatles, alors que tout a été montré, défriché, discuté par les protagonistes eux-mêmes dans la somme parue en 1995, cette Anthologie en cinq?DVD qui refaisait pas à pas l’histoire des Liverpuldiens? La raison économique n’est jamais loin, tant le succès des quatre Anglais franchit les générations et les modes, et demeure une source financière inépuisable.

En ce sens, Eight Days A Week: The Touring Years ne fait pas l’économie de son pendant discographique, un Live At The Hollywood Bowl sorti en 1977, dépoussiéré et mis sur le marché en même temps que ce nouveau film adoubé par les Beatles survivants (Paul McCartney et Ringo Starr) et la famille des disparus Lennon et Harrison.

Bombe thermonucléaire

Accordons pourtant à Ron Howard l’enthousiasme du fan. Facile: avant de devenir réalisateur de blockbusters (Un homme d’exception, Apollo 13, Anges et démons), il avait incarné par son personnage dans Happy Days le stéréotype de ces ados américains qui reçurent en pleine face les franges insolentes des Beatles, le 9 février 1964, à 20 h 12 précisément.

Ce soir-là, le «phénomène anglais» est l’invité de l’Ed Sullivan Show, suivi par environ 70 millions de téléspectateurs. Il joue I Wanna Hold Your Hand. Une bombe thermonucléaire aurait eu moins d’effet. Le lendemain, les Beatles, si culottés, si cool, sont adulés par toute une nation et commencent une tournée faite de cris et de fureur. C’est cette hystérie collective d’une jeunesse d’après-guerre s’autodéterminant en nouvelle classe sociale (du moins économique) que Ron Howard a voulu montrer, en focalisant sur l’aspect live de l’histoire des Beatles.

L’idée peut séduire. Jusqu’alors, les vidéos du groupe (visibles dans Anthologie) reposaient principalement sur les films promotionnels tournés par le label Parlophone: prestations télé, clips avant la lettre et surtout extraits d’enregistrement dans les studios d’Abbey Road, que le long-métrage Let It Be, en 1969, porta à son maximum de sincérité fragile et tragique (le groupe se sépara peu après).

Des bobines oubliées

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En revanche, on possédait très peu de témoignages des 166 concerts donnés par les Fab Four entre 1962 et 1966, avant qu’ils ne décident d’arrêter les frais devant l’absurdité d’une situation où le public couvrait de ses cris leur musique.

Il y a une dizaine d’années, Matthew White, un employé du National Geographic, exhuma des archives de la société un court film documentant les Beatles en escale… en Alaska. Leur avion pour le Japon avait été détourné pour cause de mauvais temps. Avec l’aide de Neil Aspinall, gestionnaire de la compagnie d’édition des Beatles, White lança un appel aux bobines oubliées, via The Beatles Live Project.

C’est à cette eau que Ron Howard a puisé les images largement inédites de son documentaire. La banque de données a permis de tisser cent minutes sur le fil (de micro) des Beatles sur scène, de leurs prestations à Hambourg sous le nom de Silver Beetles (des photos mais nulle image filmée, hélas) à leurs premiers succès chez eux, résidents du Cavern Club de Liverpool, avant de devenir phénomène britannique en 1963 et icônes mondiales l’année suivante.

Poussés en studio par la mania

Au moins, cette thématique du groupe en tournée rend moins pesantes la chronologie et la dramaturgie propres à ces exercices biographiques aux mains de producteurs hollywoodiens. Les voix off de McCart­ney et de Starr, les témoignages d’époque de Lennon et de Harrison, les souvenirs de quelques vedettes (Sigourney Weaver, capturée à 14 ans dans le public du Shea Stadium new-yorkais!) et le son restauré illustrent bien la démesure irréelle prise alors par la beatlesmania, et l’obligation pour les quatre Anglais de se réinventer en laborantins de studio.

Si l’histoire des Beatles se lit aujourd’hui à travers la qualité de leur legs discographique, c’est aussi parce que le groupe fut contraint de s’y consacrer exclusivement. Derrière les cris et les pleurs de la foule, le film dessine ainsi, en creux, une lecture des chefs-d’œuvre pop à venir.

A un niveau plus frontal, il offre un tour de carrousel gorgé de musique et de bons sentiments estampillés d’époque – il faudra attendre les Rolling Stones et le documentaire Cocksucker Blues, six ans plus tard, pour faire sortir des coulisses un peu de sexe et de drogue.

«The Beatles, Eight Days A Week», de Ron Howard. 100’. En salle jeudi 15 septembre. (24 heures)

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