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Paul McCartney : «J’aime les défis»

Sur son nouvel album, Kisses On The Bottom, qui sort lundi, l’ex-Beatles reprend les standards qui ont bercé son enfance.

À bientôt 70 ans, Paul McCartney reste un enfant lorsqu’il se met à parler de musique. S’il aborde aujourd’hui le jazz et les standards des années 1920 à 1940, c’est justement pour se souvenir de son apprentissage de la musique auprès de son père, pianiste amateur. Ce qui donne d’autant plus de valeur à ce rare tête-à-tête avec une légende.
Depuis combien de temps vouliez-vous enregistrer ces chansons?
Paul McCARTNEY. – Peut-être depuis le succès des Beatles. Je pensais qu’il serait sympathique de me souvenir des chansons de l’époque de mon père, alors que je grandissais. Ces morceaux sont toujours présents à mon esprit. Je suis actuellement en train de lire un livre sur Gershwin: il s’agit d’une période très riche, où une bonne part de cette musique américaine est arrivée en Europe. Quand j’étais enfant, on organisait des fêtes dans ma famille. Le grand événement social était le réveillon du jour de l’An. Mon père se mettait au piano et toute la famille chantait pendant des heures. C’était comme s’ils connaissaient toutes les chansons du monde. Tout le monde buvait et devenait plus joyeux au fil de la soirée. Ce sont des souvenirs heureux pour moi. J’ai toujours pensé que j’enregistrerais ces morceaux un jour.
Attendiez-vous d’être dans des dispositions particulières pour les enregistrer?
Oui. J’avais déjà envisagé de le faire il y a quelques années, puis Robbie Williams a sorti un album de standards et je ne voulais pas qu’on pense que je le copiais. Ensuite, Rod Stewart en a publié à son tour. Un jour, une fille de mon bureau new-yorkais m’a mis en contact avec le producteur Tommy LiPuma. Ensemble, nous avons ébauché un plan: je reprendrais des chansons un peu moins connues, et j’en écrirais une ou deux nouvelles. Je me suis tellement amusé à faire ce disque que toutes mes réticences se sont évaporées.
Considérez-vous cet album comme un exercice de style?
C’est plus que ça: une déclaration d’amour à cette musique. Je pense que c’était une époque merveilleuse et pleine d’élégance. Bon nombre des chansons que j’ai écrites avec John, puis seul, ont été influencées par la musique avec laquelle j’ai grandi, même si elles étaient complètement différentes. Écoutez Fats Waller, Cab Calloway, Ray Charles ou Nat King Cole: ce sont presque des chansons de rock’n’roll. J’ai toujours adoré cette musique. Le miracle de cet album, c’est qu’en le faisant j’ai découvert des chansons que je ne connaissais pas.
Le paradoxe, c’est que l’émergence des Beatles a signé la fin de cette ère…
Nous nous sommes toujours sentis un peu coupables de cela. Notre intention n’était pas de briser les carrières des compositeurs qui se plaignaient de ne plus avoir de travail une fois que les groupes avaient commencé à composer leur propre matériel. Mais nous étions marqués par Buddy Holly, qui fut le premier à écrire, jouer et chanter.
C’est la première fois que vous êtes seulement chanteur sur un de vos disques. Vos impressions?
Je connaissais les chansons, j’en avais discuté avec Tommy LiPuma et Diana (Krall, NDLR), on savait ce qu’on allait faire. Mais quand je suis entré dans les studios Capitol, l’équivalent américain d’Abbey Road, j’ai été intimidé. Je me trouvais dans la cabine, sans instrument, et je ne savais pas comment j’allais interpréter ces titres. Je me suis senti nerveux au début, mais ça a rendu le projet d’autant plus excitant.
Voilà vingt ans que vous abordez d’autres styles musicaux. Qu’est-ce que cela vous apporte?
Cela me permet de garder de la fraîcheur. Je pourrais faire un album pop tous les deux ans mais je m’ennuierais et le public aussi. Avec les Beatles, on écoutait notre dernière production en date avant d’entrer en studio pour nous souvenir qu’il fallait aller encore plus loin. J’aime m’imposer des défis. Mais je ne planifie rien: mes projets classiques ou le groupe Fireman m’ont été suggérés. Les accepter est ce que je pouvais faire de mieux. Je suis toujours animé par l’enthousiasme.
Cette année marque le cinquantième anniversaire du premier disque des Beatles. Allez-vous le célébrer?
Love Me Do, c’est ça? Je n’arrive pas à croire que cinquante ans ont passé. Je ne fête pas ce genre d’anniversaire. Mais la maison de disques a probablement prévu quelque chose. Si je n’ai rien préparé, c’est parce que je ne fais pas vraiment attention aux dates. Quand je regarde de vieilles images, j’ai du mal à croire qu’il s’agit de moi, surtout maintenant que John et George sont partis. J’ai reçu le livre qui accompagne le documentaire de Martin Scorsese sur George. J’en regarde une page par jour.
La critique
C’est dans le meilleur des contextes que Paul a conçu son premier projet jazz: avec Tommy Li Puma à la production, Al Schmitt derrière la console, et Diana Krall au piano. Plutôt que d’offrir un album aussi routinier que le précédent, Memory Almost Full, il s’illustre dans un répertoire de standards. Le choix des titres est pertinent et sort du cadre habituel. McCartney n’essaie jamais de jouer les crooners, employant un timbre fragile et presque féminin qu’on ne lui connaissait pas. Les arrangements, d’une grande élégance, mettent en valeur la dimension émotionnelle de l’exercice. Et les deux inédits du compositeur, sur lesquels Eric Clapton et Stevie Wonder jouent, ne déparent pas au milieu des compositions racées qu’abrite ce disque très réussi (Kisses on the Bottom chez Universal Jazz).

Source : lefigaro

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