Nous apprenons aujourd’hui, le décès de Mike Smith, survenu en décembre dernier. Pour rappel, Mike Smith fut producteur chez Decca et refusa de signer les Beatles, au profit du groupe Brian Poole & The Tremoloes.
Yellow-Sub.net vous livre tous les détails de cette première vraie audition des Beatles.
Laudition des Beatles chez Decca est un épisode célèbre de lhistoire du groupe britannique, se rapportant à leur tentative, soldée par un échec, de conclure un contrat professionnel avec ce prestigieux label de musique. À la suite dune audition à Londres le 1er janvier 1962, la maison Decca nest pas convaincue et refuse dengager les Beatles, qui finiront par signer chez un label concurrent, Parlophone, division dEMI, et obtenir le succès que lon connaît.
Lensemble des enregistrements issus de ces séances constituent les Bandes Decca, qui circulent depuis lors sous forme de disques pirates, et dont certains extraits se sont finalement retrouvés sur la compilation Anthology 1 publiée en 1995.
Sommaire
Historique
Fin 1961, Brian Epstein devient agent des Beatles. Dès lors, il va chercher à faire signer un contrat denregistrement au groupe de Liverpool, encore inconnu au-delà du Merseyside. Les grandes compagnies discographiques étant concentrées à Londres, Epstein sy rend. Il rencontre en route Mike Smith, le directeur artistique de la maison de disques Decca, et le convainc dauditionner le groupe. Il se voit confirmer un rendez-vous aux studios de la firme pour le 1er janvier 1962.
Epstein et les Beatles sy rendent, convoyés par leur « manager » de tournée, Neil Aspinall. Dans les studios Decca, situés au nord de la capitale anglaise, à West Hampstead, ils interprètent en un peu moins dune heure quinze titres des classiques du rock, des chansons traditionnelles arrangées et quelques chansons originales, de leur propre répertoire. Le batteur du groupe à lépoque de laudition chez Decca est encore Pete Best. Pour prouver leurs capacités de chanteurs, John Lennon, Paul McCartney et George Harrison se partagent le rôle de chanteur principal, avec tout de même une majorité de titres pour Paul, dont la voix est estimée plus séduisante.
Mike Smith est enthousiaste et leur promet une réponse prochaine. Pourtant, il faut attendre mars pour que Brian Epstein soit de nouveau convoqué à Londres, pour apprendre que laudition en question sest soldée par un échec. Il tente de convaincre Beecher Stevens et Dick Rowe, deux responsables importants de Decca, de donner au groupe une seconde chance, mais ceux-ci ne veulent pas des Beatles.
Dans la foulée de cet essai sans suite chez Decca, les Beatles repartent à Hambourg, en Allemagne, pour un engagement de sept semaines au Star Club. À leur retour, le 6 juin 1962, ils sont auditionnés aux studios EMI dAbbey Road par George Martin, patron du label Parlophone2. Ce dernier décide de les engager, et la suite fait partie de la grande histoire du rock.
Il est à remarquer quhormis Money (That’s What I Want) et Till There Was You qui toutes deux ne seront reprises que sur leur deuxième album, With the Beatles, en 1963 , ces chansons resteront « taboues » pour les Beatles, qui ne les placeront pas sur leurs futurs albums officiels. Il leur arrivera cependant den interpréter sur scène à titre de « bonus », comme en témoignent quelques bootlegs.
Raisons du refus
Le célèbre refus de Decca de signer un contrat avec les Beatles est resté longtemps incompréhensible et son directeur artistique, Dick Rowe, y a gagné un surnom pour la vie : « The man who turned down The Beatles » (« Lhomme qui rejeta les Beatles »). On lui prête aussi ces paroles à ladresse du jeune manager du groupe : « Retournez à Liverpool, M. Epstein, les groupes à guitares vont disparaître ».
Autre raison du refus de Decca : linclination de cette maison de disques à vouloir signer avec des groupes londoniens. Decca hésitait dailleurs entre les Beatles et une autre formation venue dun quartier ouvrier de lEast End. Les propos de Dick Rowe permettent de mieux comprendre ce choix : « Nous avions décidé quil était préférable de prendre un groupe local de la banlieue de Londres. Nous pouvions travailler avec lui plus facilement et avoir un contact plus étroit puisquil venait de Dagenham. »
La musique du groupe est hésitante et le répertoire peu ambitieux, même si linterprétation de standards du rock ‘n’ roll est une pratique normale et courante. Cest peut-être aussi pour ces raisons que Dick Rowe ne se sent pas convaincu par leur potentiel créatif. Dailleurs, les Beatles donnent le meilleur deux-mêmes sur la scène, qui est leur spécialité depuis plusieurs années, et où ils expriment une énergie compensant en partie leurs lacunes musicales. Paralysés par lenjeu et hors du contexte des clubs, les Beatles donnent aux maisons de disques, telles Polydor ou Pye, des prestations souvent catastrophiques, nosant pas non plus proposer un répertoire personnel important. Les Beatles apparaissent comme des imitateurs, dont loriginalité propre na pas encore clairement émergé. Finalement, un seul directeur artistique sur la place londonienne décèlera presque instantanément ce potentiel, cette originalité, ces promesses créatives que les autres nont pas vues : leur futur producteur George Martin.
Le refus de Decca sexplique aussi par le fait que les modes changent vite au début des années 1960, et que les stratégies commerciales des maisons de disques sont fondées sur des succès éphémères ; elles sont persuadées que le « beat » a vécu et quelle va être remplacée par une musique dansante venue dAmérique : le twist. Le triomphe du « Merseybeat » de Liverpool est un phénomène inattendu dans le monde très londonien du show business.
Un peu plus tard, la firme Decca ne ratera plus le coche et connaîtra le succès avec un autre groupe phare des années soixante, les Rolling Stones.
Publications ultérieures
En raison du statut légal de ces titres (enregistrés alors que les Beatles nont pas encore signé avec EMI), les bandes ont surtout servi à alimenter le répertoire des disques pirates des années 1970 à 1990. En effet, les actions judiciaires intentées par la firme Apple ont de toute façon toujours repoussé ces enregistrements dans le monde du disque illicite. En 1976, quatorze des quinze titres paraissent sous la forme dune série de sept 45 tours fabriqués en vinyle coloré sur un label nommé Deccagone (cette forme dédition entraînant lomission du titre Take Good Care of My Baby), puis à partir de 1979 de 33 tours souvent nommés The Decca Tapes et réunissant les quinze chansons. Il en existe une version picture-discn 1.
Nombre dentre ces titres sont également présents sur le disque pirate The Hamburg Tapes, tiré d’un enregistrement amateur. Le film Let It Be contient un extrait de Bésame Mucho, qui nest pas repris sur le disque du même nom. Les morceaux circulent encore aujourdhui sous forme de fichiers MP3 sur Internet. Enfin, de façon officielle cette fois, plusieurs titres issus de ces enregistrements ont finalement été placés sur lalbum Anthology 1 publié en 1995.
Deux titres de cette audition, jamais interprétés par les Beatles, sont sortis sur le label Northern Songs, créé par Dick James et Brian Epstein en 1963, afin déditer des chansons écrites par John Lennon et Paul McCartney. Il sagit de Love of the Lovedn 2, et Like Dreamers Don 3,3.
Un album reprenant ces morceaux4, intitulé – inexactement, puisque le groupe avait déjà abandonné cette appellation lors de l’enregistement – The Silver Beatles fut publié en 1982, mais ne rencontra pas le succès au point d’apparaître dans les hit-parades.
Chansons présentées
La liste ci-dessous présente la liste des chansons jouées par le groupe lors de leur audition, dans lordre de leur enregistrement. Ces morceaux se sont retrouvés sur diverses éditions pirates. Money (That’s What I Want) et Till There Was You ont été ré-enregistrées par les Beatles en 1963 pour leur album With the Beatles. Les titres suivis d’un astérisque apparaissent sur Anthology 1.
- Like Dreamers Do (Paul McCartney)
Chant : Paul McCartney - Money (That’s What I Want) (Berry Gordy, Janie Bradford)
Chant : John Lennon - Till There Was You (Meredith Willson)
Chant : Paul McCartney - The Sheik of Araby (Harry Smith, Francis Wheeler, Ted Snyder)
Chant : George Harrison - To Know Her Is to Love Her (Phil Spector) n 4
Chant : John Lennon - Take Good Care of My Baby (Gerry Goffin, Carole King)
Chant : George Harrison - Memphis Tennessee (Chuck Berry)
Chant : John Lennon - Sure to Fall (In Love with You) (Carl Perkins, William Cantrell)
Chant : Paul McCartney - Hello Little Girl (John Lennon et Paul McCartney)
Chant : John Lennon et Paul McCartney - Three Cool Cats (Jerry Leiber & Mike Stoller)
Chant : George Harrison - Crying, Waiting, Hoping (Buddy Holly)
Chant : George Harrison - Love of the Loved (Paul McCartney)
Chant : Paul McCartney - September in the Rain (Harry Warren, Al Dubin) n 5
Chant : Paul McCartney - Bésame Mucho (Consuelo Velázquez) n 6 n 7
Chant : Paul McCartney - Searchin (Jerry Leiber & Mike Stoller)*
Chant : Paul McCartney
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