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Trente-cinq ans de rock humanitaire

Le rock humanitaire, voilà plus de trente ans que ça dure. Avec des hauts et des bas. Le premier à avoir lancé ce genre de manifestations ne fut pas Bob Geldof, mais George Harrison. Dès 1971, le Beatles organisait au Madison Square Garden de New York un grand concert en faveur du Bangladesh, alors ravagé par la guerre civile. Parmi les artistes présents : Ringo Starr, Eric Clapton, Bob Dylan, Ravi Shankar, Billy Preston. Les quelques dizaines de millions de dollars récoltés furent confiés aux bons soins de l’Unicef… plus de dix ans plus tard. L’organisation n’était pas encore optimale. A l’Unicef, la chose n’a laissé qu’un écho lointain : Lynn Geldof, porte-parole de l’organisme à Genève (et soeur de Bob !), avoue «ne pas s’en souvenir».
L’idée était partie de Ravi Shankar, qui avait invité son ami et disciple Harrison à un «petit» concert de soutien, histoire de réunir quelques dizaines de milliers de dollars. Mais le jeune retraité des Fab Four décidait immédiatement de voir les choses en grand. Quelques coups de téléphone aux copains, et l’affaire était faite. «L’Amérique envoyait des armes aux Pakistanais, qui massacraient tout le monde au Bangladesh. Et nous devions faire quelque chose rapidement», plaidera Harrison. Le principal résultat du Concert for Bangladesh fut d’attirer l’attention du monde entier sur le drame que vivait cette région : la naissance de la nation bengalie fit trois millions de morts. L’événement a par ailleurs laissé un disque mémorable, avec une version singulière de Jumpin Jack Flash par Leon Russell.
Locomotives. Tout autre fut l’ambiance du Live Aid, organisé en 1985 par Bob Geldof au profit de la lutte contre la faim en Afrique. Cette fois, la télévision et les satellites étaient de la partie. La manifestation commença le 13 juillet à midi GMT à Londres (stade de Wembley) pour s’achever à 4 heures du matin GMT le lendemain à Philadelphie (JFK Stadium). Se produisirent des deux côtés de l’Atlantique des locomotives comme David Bowie, U2, Paul McCartney, Madonna, Eric Clapton, Mick Jagger, Tina Turner, Bob Dylan, Queen, etc. 72 000 spectateurs à Londres, 90 000 à Philadelphie et 1,5 milliard de personnes devant leur téléviseur. Les ventes de billets et de disques rapportèrent plusieurs dizaines de millions de dollars.
Le Live Aid avait été conçu comme une suite au projet Band Aid ­ également lancé par Bob Geldof ­ de production d’un disque au profit de l’Ethiopie, victime de la famine. En anglais, «band aid» a un double sens : pansement et aide du groupe (de rock). Un single (Do they Know it’s Christmas ?) fut enregistré par un groupe composé de stars du rock britannique et irlandais (Phil Collins, Boy George, etc.). Il sortit le 15 décembre et fut la plus grosse vente jamais réalisée par un single au Royaume-Uni. Le Live Aid fut suivi quelques semaines plus tard par un opportuniste Farm Aid aux Etats-Unis, destiné à soutenir les fermiers américains, avec la participation de Bob Dylan, Billy Joel, B.B. King, Tom Petty et beaucoup d’autres.
Guerre civile. Encouragée par ces succès, l’association Amnesty International lançait en 1988 une tournée mondiale de 19 concerts ­ le Human Rights now ! Tour ­ à l’occasion du 40e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Y contribuèrent Bruce Springsteen, Sting, Peter Gabriel, Youssou N’Dour, entre autres. Plus récemment, en 1998, le ténor italien Luciano Pavarotti réunissait quelques «amis», comme Céline Dion, Jon Bon Jovi, Stevie Wonder, les Spice Girls, Florent Pagny, pour un concert à Modène au profit des enfants victimes de la guerre civile au Liberia (Quincy Jones a monté une opération similaire à Rome l’an dernier).
Le 21 septembre 2001, un concert de solidarité destiné à récolter des fonds pour les victimes du 11 septembre rassemblait, de New York à Los Angeles, des stars de la chanson (Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Mariah Carey…), du cinéma (Robert De Niro, Clint Eastwood, Julia Roberts…) et du sport (Muhammad Ali). Diffusé sur l’ensemble des chaînes de télévision et de radio américaines, ce spectacle mêlant musique, témoignages et hommages a permis de collecter 150 millions de dollars. Deux ans plus tard, pour les victimes du sida, le 46 664 Concert rassemblait au Cap, autour de Nelson Mandela (46 664 était son numéro de détenu), des grands noms du rock et de la pop, de Bono à Johnny Clegg en passant par Beyoncé Knowles. Le tsunami en Asie a fait éclore de nombreux concerts de bienfaisance, notamment à Cardiff (pays de Galles), où a eu lieu au printemps le «plus grand concert de soutien» depuis le Live Aid, avec une vingtaine de groupes et d’artistes britanniques. Plus de 60 000 personnes ont assisté à ce show qui a permis de récolter plus de 2 millions de dollars.
Justice. La rock charity connaît aussi des déclinaisons plus nationales. En France, par exemple, ce sont les concerts pour les Restos du coeur ou les journées Solidays, à l’initiative de l’association Solidarité Sida. Cette dernière a dû renoncer, faute de lieu adéquat, à organiser un grand concert de solidarité Nord-Sud prévu le 19 juin. Mais la 7e édition du festival Solidays aura bien lieu du 8 au 10 juillet à l’hippodrome de Longchamp, avec Patti Smith, Starsailor, Mickey 3D, Kool Shen, Camille et d’autres.
Vingt ans après le Live Aid, l’objectif du Live 8 est, selon les termes de Bob Geldof, de «passer de la charité à la justice».

Source : Edouard LAUNET / Libération

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