Description du produit
Limited USA vinyl reissue of hit 1980 ‘comeback’ album featuring ‘Woman’ & ‘Watching the Wheels..’
Critique
Totalement absent de la scène musicale depuis la naissance de Sean, John Lennon sort enfin de cinq années de retraite. Très attendu, cet album est à la fois celui du retour mais aussi celui de la maturité. A quarante ans, il semble réconcilié avec le monde qui l’entoure, ne subsiste que le plaisir de jouer de la musique, « (just like) Starting over » (littéralement comme si tout recommençait).
Après avoir consacré cinq années à l’éducation du cadet de ses fils, on murmure en ce printemps 1980 que John Lennon serait sur le point de sortir du silence. En avril alors qu’il prend quelques jours de repos avec Sean aux Bermudes, le déclic se fait et la machine se remet en marche. Yoko étant restée à New York, le projet se précise par le biais des conversations téléphoniques quotidiennes qu’ils partagent. Très vite leur vient l’idée d’un album aux allures de questions/réponses entre un homme et une femme face à l’existence, ses bonheurs et ses désagréments, et chacun commence à composer dans son coin. A son retour au Dakota, l’essentiel du disque est déjà écrit. Le contrat est signé avec David Geffen et l’album est enregistré au Hit Factory Studio de New York. Véritable « fantaisie à quatre mains », Double Fantasy c’est simplement John et Yoko qui se succèdent au chant dans un véritable dialogue musical. Si les détracteurs de cette dernière lui reprocheront l’omniprésence de la dame, le disque renferme malgré tout son lot de morceaux de choix et démontre que ces cinq années de réflexion ont amené Lennon sur la route de la sérénité.
A commencer par le léger tintement de l’introduction de « (just like) Starting Over », si loin du glas grave qui ouvre Plastic Ono Band. Tout recommencer justement. Personnellement ? S’il est vrai que le couple a traversé des crises par le passé, il semble plus soudé que jamais, à l’image de leurs compositions si étroitement liées (« I’m losing you »/ « I’m moving on »). Comme pour convaincre les derniers amateurs de ragots, John offre même ici à Yoko une chanson d’amour comme peu de femmes s’en sont vues dédiées, sobrement intitulée « Woman ». Alors prendre un nouveau départ musicalement ? Probablement. Car si « Watching the wheels », “Beautiful Boy (darling boy)” ou encore “Dear Yoko” restent des titres purement “lennoniens”, des compositions comme “Walking on thin ice” ou “Every man has a woman who loves him” témoignent de la volonté de John de coller à son époque. Son habile utilisation du synthétiseur suffit à persuader l’auditeur qu’en cinq ans d’absence, son génie créatif est toujours aussi bouillonnant.
Double Fantasy reste finalement incontournable dans le parcours de Lennon. Que ce soit pour l’originalité de sa conception, la qualité de ses titres dont certains sont devenus des classiques ou encore parce qu’il le dernier album qu’il enregistrera. John n’aura en effet pas le temps de profiter des réelles retombées de son retour à la musique et tombera moins d’un mois après sa parution sous les balles de Mark David Chapman. Une carrière brillante stoppée en un éclair le 8 décembre 1980…
Stephen Des Aulnois – Copyright 2019 Music Story