Philippe Auliac
AVANT PROPOS
Par ce dossier, je vais vous présenter Philippe Auliac. Ce nom vous est peut-être inconnu, son surnom de paparazzi du rock l’est probablement tout autant… Il s’agit d’un photographe (mais aussi réalisateur en audiovisuel) spécialisé en rocks stars prisent sur le vif. Si j’ai décidé de vous parler de lui, c’est parce qu’il existe de nombreuses connexions entre lui et nos quatre garçons préférés ! Mais bien plus que cela, Philippe Auliac est quelqu’un qui a tout fait pour réaliser ses rêves, c’est aussi une personne charmante qui a passé 4 heures de son temps avec nous dans le but de vous faire partager sa passion. Il parle simplement et lucidement de lui, de son métier, de ses rencontres… Ses paroles sont retranscrites au long de ses quelques pages… Bonne lecture et bonne découverte à tous… Il m’a laissé un message personnel à la fin de cet entretien et je le partage ici même avec vous… alors n’oubliez pas : « tout arrive un jour ! ». Merci Philippe.
LA PREMIÈRE CASSURE
Je n’étais pas destiné à ça, j’étais destiné à une carrière de technicien ou de conducteur de locomotive… Il faut savoir qu’a la fin des années 60 j’étais fan de musique anglaise, j’avais une grosse dizaine d’année. J’étais donc très jeune et je me rappelle, dans ma petite jeunesse, d’avoir entendu via un cousin un disque ou deux des Beatles, Instant Karma de Lennon et My Sweet Lord de George Harrison. Je savais que ça existait mais ça restait abstrait, je ne mettais pas de tête sur les noms. C’est véritablement au début des années 70 que j’ai commencé à écouter de la musique. Le premier 45 tours que j’ai acheté avec l’argent de poche que j’avais, c’était Power To The People de John Lennon. Je l’avais entendu à la radio et acheté car j’avais déjà des idées de gauche à l’époque. Ça fatiguait beaucoup mes parents car sur la face B, c’était Yoko qui criait et j’étais le seul dans la maison à trouver ce morceau bien parce que c’était la femme de John Lennon. Alors, un jour, mes parents sont arrivés dans ma chambre, ils ont pris le 45 tours et l’ont cassé en deux et là c’était très grave ! Cela m’a encore plus poussé à devoir écouter cette musique.
LE TRUC
Imagine est sorti quelques temps après. Je savais que John était un Beatles mais c’est tout. Pendant 1 an ou 2, je commençais à écouter pas mal de choses. J’étais très fan de Bowie, Lou Reed, Iggy Pop, Lennon et tous ces groupes là. Mais être fan en France en 73, ce n’est pas terrible. Il n’y a pas encore de concert, ça se limite un petit peu à acheter quelques revues, découper des photos, accrocher des posters… Moi je voulais aller plus loin. Alors comment faire pour approcher ce milieu, il fallait trouver un truc. Et en 1973, j’achète une revue en France qui s’appelait « extra ou best », il y avait un article sur le dernier concert de Ziggy Stardust, donc de Bowie. Et là, je vois des photos en gros plan. Je regarde machinalement et je vois qu’il y a le nom d’un Photographe, quelques jours après, je regarde dans l’éditorial et je vois le nom du même Photographe, c’était le Photographe du journal qui avait été là-bas, il avait fait des gros plans et il l’avait approché. Voilà le truc. J’ai été chez un marchand pour acheter un appareil photo. J’ai dit « je veux faire de la photo ! ». Il a rigolé puis il m’a expliqué un petit peu comment ça fonctionnait, les tirages… Je ne savais rien de tout ça… Je voulais apprendre à Photographier les rocks stars en Photographiant les magazines comme ça le jour ou je serais devant elles, je ne serais pas surpris étant donné que je connaîtrais déjà leur visage.
LA PREMIÈRE PHOTO
Et tu sais, il y a quelques temps, je triais mes vieilles photos et je suis remonté dans le temps. Je me suis souvenu de la première photo que j’avais prise… Je l’ai retrouvée, c’était la porte de Savile Row du bureau des Beatles juste après la fermeture en 1974. C’était donc finalement normal que ma carrière tourne autour de la musique des Beatles.
LES ANNÉES REPRO ET LES PREMIERS CONTRATS
Comme je n’avais pas d’agrandisseur, j’en ai fabriqué un avec l’appareil photo mis à l’envers et une lampe qui passe à travers. Là j’ai commencé pendant 3 ans à rephotographier des revues pour apprendre à connaître les visages de ces rocks stars. Avec le temps, j’ai harcelé les maisons de disques pour avoir des photos à reproduire : Pathe Marconi des Beatles, RCA de Bowie. Après un certain temps, on a commencé à me commander un petit truc ou l’autre. En France à ce moment là, il n’y avait pas de Photographes de stars, ils étaient seulement 4 : Rose, Rancurel, Gassian et Legras. Il y avait donc encore de la place pour démarrer. Puis un jour, Pathe Marconi avait besoin de reproductions d’une photo de Lennon. Ils me l’ont donnée en me demandant d’en reproduire 100, j’étais ravi ! Puis une maison de disques m’appelle, c’était RCA pour remplacer un Photographe qui était souffrant. C’était pour Photographier Bowie… Là c’était en vrai. J’ai dit oui tout de suite et j’ai arrêté mes études.
LA PREMIÈRE PHOTO DE BOWIE
Après 3 ans de reproductions ( ndla : lire les années repro et les premiers contrats )… Bowie et Iggy Pop sont arrivés à la gare du nord de Moscou par le transsibérien. Je m’attendais à voir un Bowie Ziggy Stardust et je vois deux petits bonshommes : Iggy Pop blond oxygéné avec un grand imperméable, Bowie les cheveux rouges, tout maigre en survêtement kaki. Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. Pendant le trajet en train, j’étais resté sur le côté car je ne devais faire les photos qu’une fois arrivé à Londres. Je les observais donc d’un peu loin. Puis arrive le moment de faire la photo à la gare Victoria qui est maintenant la plus connue. Là, mes 3 ans de répétitions sont tombés à l’eau, je ne comprenais plus rien à la lumière… C’était une verrière mais j’ai poussé mon film à 1600 ASA et comme je n’étais pas sûr, j’ai envoyé un coup de flash et ça a complètement surexposé le tout. Résultat sur le négatif, c’était noir ! Il a fallu sortir les internégatifs pour arriver à sortir la photo qui est passée partout. Voilà comment je suis arrivé en contact avec le milieu du rock …
LES BEATLES RENTRENT EN SCÈNE
Ensuite, j’ai commencé à travailler avec Bowie, parallèlement à ça, j’ai connu Iggy Pop… Il restait les Beatles. Or les Beatles c’était fini en 1976 mais Paul était en France pour le concert des Wings. Et c’est là que j’ai fait ma première expérience avec une caméra. Une super 8 qu’on m’avait mise de côté pour filmer en plus de faire des photos. J’ai attendu les McCartney à l’aéroport du Bourget. J’ai filmé leur arrivée de façon très amateur. J’ai revu le film il n’y a pas longtemps et je pense qu’on le ressortira prochainement dans l’édition du dvd de George (ndla : voir chapitre As-tu les droits de diffusion pour le concert du Palais des Sports de 1965 ?). C’est ce jour là que j’ai fait mes premières photos de McCartney. Peu de temps après, celles de George Harrison et Ringo Starr lors d’un voyage à but promotionnel organisé en France.
LES DÉBUTS DU PAPARAZZI
Faire des photos de scène, ça me plaisait mais pour moi c’était de fausses photos. J’ai voulu faire descendre de leur pied d’estal toutes ces stars. Donc je me suis mis à faire le paparazzi spécialisé sur le rock. La famille de Monaco, ce n’était pas mon truc. Mais les stars qui étaient à Paris c’était mon truc et j’étais le seul. J’ai fait tout un catalogue qui allait de Dylan, McCartney, Jagger aussi … Toutes ces stars prises sur le vif à Paris ! Ce qui est intéressant, c’est qu’à la longue, ils me connaissaient très bien ! A tel point que quand ils venaient à paris, ils préféraient dire où ils venaient. De ce cette façon, la photo était prise par quelqu’un qu’ils connaissaient. Une fois la photo faite, ça n’intéressait plus personne et ils avaient la paix. Voilà comment je suis arrivé dans ce milieu spécialisé.
UN LEITMOTIV COMME PLAN DE CARRIÈRE
J’ai toujours eu comme leitmotiv de faire ce qu’il me plaisait. C’est pour ça que je travaillais de façon autonome. J’ai commencé à faire quelques images alimentaires mais dans un autre milieu car je ne voulais pas que ça me perturbe dans ce que j’aimais faire. Je ne voulais Photographier que les gens que j’aimais et donc tout naturellement, ça m’a amené à Photographier en priorité Bowie, Iggy Pop et les ex-Beatles.
SA PLUS GRANDE DÉCEPTION : JOHN
Bowie, c’est quelqu’un que je connais bien. On travaille ensemble depuis 1976. Les Beatles c’était plus dur car il n’y avait pas vraiment de connexion. C’est arrivé par George Harrison et Ringo Starr qui venaient fréquemment à Paris. Donc on les retrouvait à des endroits et voilà. Ma grande déception ça a été John. Car je devais le Photographier 10 jours après qu’il ait été assassiné. Il aurait du être en France pour la promo de Double Fantaisy. Il faut savoir que John et Yoko, ça a été quelque chose d’important car comme je te l’ai dit tout à l’heure (ndla : voir chapitre La Première Cassure), le premier disque que j’ai acheté c’est Power To The People par John et Yoko. Mon adolescence a été faite à travers ces rocks stars mais surtout à travers John et Yoko. Et à partir du jour ou mes parents ont cassé ce disque, je les ai pointé du doigt et je leur ai dit : « Á partir d’aujourd’hui, mes parents spirituels sont John et Yoko ! ». Voilà, ça a été réglé. Ça a toujours été encré en moi, même pour des points de vue politiques et artistiques, notamment avec le travail Fluxus de Yoko… A l’époque, le fait que j’aurais pu rencontrer Lennon à 10 jours prêts et qu’il soit assassiné, ça a été terrible. J’ai approché tout le monde sauf celui qui était le plus important à mes yeux ! C’est comme disait George quand on lui posait des questions sur la possible reformation des Beatles : « Tant que John est mort, non ! ».
L’AMITIÉ AVEC YOKO ONO LENNON
Yoko est rentrée dans l’arène à ce moment là (ndla : au moment de l’assassinat de John). Quatre ou 5 ans après, je vois pour la première fois Yoko à Bruxelles. Elle donnait un tout petit concert à l’université, dans une grande salle dont j’ai toujours les tickets. Je suis venu, c’était 6 ans après la mort de John, elle se produisait et c’est là que je l’ai rencontrée pour la première fois. Elle chantait sur scène, d’ailleurs j’ai les bandes car j’ai toujours enregistré et piraté les concerts, et là pour la première fois, je vois Yoko sur scène chanter Imagine, Give Peace A Chance plus des morceaux à elle. C’était quelque chose et peu de temps après, elle vient à paris et je la revois. Puis un jour, lorsque je travaillais avec la galerie 1900-2000 à Paris qui exposait le travail de Yoko Fluxus, j’ai été amené à la rencontrer. J’ai passé une journée entière à discuter avec elle. Nous sommes en 86-87 et je filmais déjà à l’époque. J’avais appris parallèlement la caméra. En 1983 quand la bétacam est arrivée, j’étais un des tous premiers Photographes à passer à la vidéo. Je crois que c’était ma première longue interview seul. Il fallait une énorme machinerie à l’époque. Donc pendant 1 journée, j’ai discuté avec Yoko et on a filmé (ndla : cette interview sera probablement disponible sur le dvd de George. Voir chapitre L’interview du Quiet Beatles). Et là ça a été très important car d’abord c’était le jour d’anniversaire de John et le soir même Paul jouait à Paris… Á partir de ce moment là, s’est créée une amitié avec Yoko. Plusieurs fois après, nous nous sommes revus, on a tout un tas de photos.
LA CLÉ DU SUCCÈS : SE SPÉCIALISER ET TRAVAILLER SUR LA DURÉE
S’il est possible de vivre de ce métier ? Bien sûr que oui ! Á partir du moment où tu veux choisir ce que tu veux faire et que tu le fais à fond, tu auras toujours un plus dans ce que tu proposeras par rapport à quelqu’un qui va Photographier le matin un parti politique et le soir un concert… c’est du saupoudrage. Il aura sans doute une photo mais pas sur la totalité du temps. Là je fais ça depuis 30 ans et il y a un certain stock. Si maintenant quelqu’un veut sortir un bouquin sur Bowie par exemple, il y a automatiquement des photos qui seront les miennes. Des photos de concert, c’est facile mais des photos sur le temps c’est autre chose. Si je te Photographie aujourd’hui, tu vas donner quelque chose mais si je te Photographie tous les mois pendant 10 ans, tu ne donneras pas la même chose ! Ca se voit et c’est effectivement à partir de ce moment là que tu peux commencer à vivre de ce que tu fais. Il ne s’agit pas de devenir une vedette, je n’en vois pas l’intérêt. L’intérêt c’est de faire ce qu’il plait et de le faire partager aux autres.
LA RENCONTRE AVEC GEORGE
J’ai commencé la vidéo comme cadreur occasionnel à la télévision, et pour moi qui étais complètement indépendant, être derrière une caméra sur pied et écouter quelqu’un qui braille dans le casque, ça a mal fini. Donc pour devenir indépendant, il faut l’être également matériellement. Pendant des années, au lieu de faire comme beaucoup font : avoir une belle voiture, une belle maison, des belles fringues, moi j’ai investi dans mon matériel photo, dans une caméra bétacam et un banc de montage pour être complètement autonome. Parallèlement, il a fallu aussi que j’apprenne le métier du son et de la réalisation, ce qui m’a mené à l’INA (Institut National d’Audiovisuel). Car quand tu veux diriger quelqu’un, il vaut mieux connaître son métier comme ça tu peux savoir quoi lui demander pour ne pas gueuler des trucs dans ses oreilles sous prétexte que tu es réalisateur… Donc il a fallu apprendre tous les métiers de l’image et du son, de la photo, du montage… de façon à pouvoir être autonome. Á partir de là, j’ai commencé à élaborer certains projets. D’abord des reportages pour la télévision, puis on a mis en images les photos et j’ai commencé à filmer les rocks stars. J’ai commencé à me faire la main sur des concerts publics pas très importants. J’ai filmé une dizaine de concerts de reggae. Pourquoi du reggae ? Parce que je l’écoute comme ça, ce n’est pas une musique qui me sensibilise. Ainsi je n’avais pas de côté affectif et je pouvais travailler la réalisation techniquement en direct. Je ne voulais pas le faire directement avec des gens que je connaissais. Je me suis fait la main sur des choses carrées… Ca m’a amené plus tard à travailler sur des concerts de Suede, d’Oasis … et j’ai commencé vraiment avec des gens qui m’intéressaient avec le concert d’Iggy Pop à l’Olympia en 92 sur la tournée Kiss My Blood, où il se met nu sur scène… Ça a commencé comme ça !
EN ATTENDANT KRISHNA
Après je me suis spécialisé dans les documentaires lointains en Asie sur la façon dont vivent les gens. J’ai été un peu partout et une fois par an, je revenais pour faire un film de rock. Et à un moment donné, je me suis dit que le plus intéressant des 3 Beatles restants, c’était George Harrison. Mais George est quelqu’un qui part définition ne parle pas, ne se produit pas et ne donne pas d’interview ! Ce n’était pas facile. J’avais un contact avec lui grâce aux photos donc j’ai envoyé une demande d’interview et il a répondu que ça se ferait quand les choses devraient se présenter. De toutes façons, ce n’était pas lui qui décidait. Je réponds que c’est gentil mais que j’aimerais savoir qui décide ? Il me répond : « Krishna ! ». Et moi je ne peux rien dire d’autre que : « Bon, d’accord alors attendons ! ».
L’INTERVIEW DU QUIET BEATLE
Un jour de 97, on me sonne pour me dire que George est à Paris pour quelques jours et qu’il accepte de faire l’interview. C’est là qu’il faut vraiment être prêt et avoir son matériel. Le temps de prévenir quelques collègues pour rassembler suffisamment de matériel (car il s’agissait d’une interview d’Harrison et de Ravi Shankar et il fallait quand même 3 caméras). C’était une véritable production ! Donc ça se met en place, on arrive à 11h00 à l’hôtel George V, l’interview était prévue à 12h00. Et l’entourage de George Harrison tirait la gueule… Y’a une fille qui vient me voir : « tu sais, on va le faire mais c’est vraiment pas le jour ! ». Georges venait d’apprendre 2 heures avant qu’il avait un mauvais cancer à la gorge… Ce qui a donné à l’interview mené par mon ami et journaliste de France 3 Michel Vial, un axe complètement différent. Au départ, l’interview était basée sur le disque que George sortait avec Ravi Shankar Chants of India. Il ne l’a acceptée que pour parler de ça. Et nous on s’est dit qu’on allait commencer avec Ravi Shankar en laissant Harrison tranquille. On viendrait ensuite sur lui par deux ou trois questions pour l’amener à nous parler des Beatles, c’est une technique journalistique. En fin de compte, il en est venu à nous parler des Beatles car il n’était pas dans son état normal et il voulait soudainement parler. Donc on commence l’interview et il dit des choses sur les Beatles qui n’avaient jamais été dites ! Il dit par exemple que les Beatles en fin de compte n’étaient pas très bon, ils ne savaient pas faire grand-chose. Les Beatles ont donné un sens à sa vie mais c’était comme une tarte : on met les ingrédients et le goût vient de la façon dont on tourne ! Il dit : « les Beatles étaient comme une équipe de foot ou j’étais le goal… heu non, moi j’étais l’ailier, le goal qui prenait les coups, c’était Ringo ! » Il parlait comme ça… alors cette interview avec Harrison a été quelque chose d’important. En plus, c’était une des rares interviews qu’il donnait mais on sait maintenant que c’était aussi une des dernières. En 1 heure, on a tout passé en revue. A la fin de cette interview, alors qu’on avait parlé du concert pour le Bangla Desh, du Rada Krishna Temple, de la vie indienne, des drogues, et pendant qu’à l’extérieur de l’hôtel je tournais quelques vues de lui avec son amie Ravi il dit : « il faudrait que tu fasses un jour un film sur les dévots de Krishna ! ».
LE FILM SUR LES DÉVOTS DE KRISHNA « DEMANDÉ » PAR GEORGE HARRISON : LES PRÉMISSES
L’interview plaisait a George, et quelques temps plus tard je reçois un message « est-ce que tu penses faire un film sur les dévots de Krishna ? ». Alors je me suis dit : « pourquoi pas ? ». Pour moi, les « krishnas » je les connaissais via le Hare Krishna Mantra qui était connu par les Beatles et qu’on entendait dans la rue partout. Harrison décède et j’apprends très rapidement qu’il s’était entouré des dévots de Krishna avant de mourir. J’apprends aussi que McCartney est toujours proche des dévots à Londres, qu’il a ses bureaux en face du temple de Soho street ou il dejeune parfois au restaurant Govinda, que quand les dévots chantent dans la rue et que McCartney est en conférence, il fait arrêter les affaires pour les écouter chanter. Bref, je commençais à voir qu’il y avait un gros maillage Beatles autour des « krishnas ». Je me renseigne et je découvre que pendant 1 ans, les dévots ont vécus chez John et Yoko a Tintenhurst Park où ils avaient leur propre aile. Je continue mes recherches et je retrouve des documents fait par eux, là bas, du chef des krishnas Srila Prabhupada avec John et Yoko. Je m’aperçois que dans l’histoire des Beatles, c’est quand même quelque chose d’important donc je comprends mieux pourquoi George avait fait cette demande. Donc après avoir réussi ce projet de film avec Harrison qui a vu le jour maintenant, je me lançai dans la réalisation de ce film sur les dévots de Krishna. Je commence donc à me documenter, parce que je connaissais les histoires de secte, de sexe, de drogue etc. Mais je ne voulais pas tomber dans ce registre là. Je me dis qu’il faut faire un film sur les dévots de Krishna dans une période bien précise, les années70, qui est la beat génération. Et cela étant donné qu’effectivement, si les dévots sont connus en Europe, c’est uniquement parce que les Beatles les ont mis en avant. Et comme les Beatles étaient un modèle à cette époque là, les jeunes ont suivi ce que leurs modèles faisaient ! Donc je décide de faire un film qui s’intitule Krishna Experience comme toutes les expériences que l’on pouvait faire à cette époque là. Le film est basé sur la question suivante : « Comment la quinzaine de personnes que l’ont voit dans le film sont devenus dévots de Krishna, comment vivent-ils cela et qu’est-ce que ça veut dire ? » La réponse irréfutable à cette question est que tous ont écouté les Beatles et My Sweet Lord !
LE FILM SUR LES DÉVOTS DE KRISHNA : PROJECTION DU FILM À MONTRÉAL
Ce film sur les dévots est sorti en novembre 2003. J’ai été le présenter à Montréal non loin de l’hôtel où Yoko et John avaient fait leur bed-in et enregistré Give Peace A Chance. Comme le public présent était fan des Beatles, à la fin de la projection publique qui réunissait beaucoup de monde, le public a repris le mantra qui clôturait la projection detournant d’une certaine manière, la fin du film en happening. A la fin du mantra le public se lance en choeur dans une reprise 30 ans après de Give Peace A Chance et cela bouclait la chose de façon très intéressante.
SES PROJETS FUTURS AUTOUR DES BEATLES
Dans les projets actuellement en cours, il y a ce film qui s’appelle A Day In The Life et ce n’est pas anodin non plus. C’est un film de témoignages sur les survivants des camps de concentration en France. Ce projet là vient de Steven Spielberg. Pour La Liste De Schindler (et ce que je vais vous confier n’a jamais été révélé), il avait besoin de beaucoup d’argent et il n’en avait pas. L’état d’Israël lui avait dit : « on te prête l’argent pour tourner mais quand tu as fini de tourner, tu tournes pour la mémoire collective du judaïsme une espèce de témoignage de ce qu’étaient les camps de concentration, comme un mémoire pour les générations futures de ce qu’était la Shoah ». Pour ça, il avait besoin d’équipes de réalisateurs dans 15 pays. Et donc il envoie une équipe, notamment à Paris pour trouver les réalisateurs qui pourraient faire cela. Il leur fallait 2 choses bien précises. Ils ont visionné les actualités télévisées et ont regardé le cadrage des actualités pour voir si ça correspondait à ce qu’ils voulaient. Moi j’ai toujours cadré les visages très près et ça plaisait. Ensuite, il fallait que les réalisateurs (qui devaient être caméramen) possèdent leur propre matériel de façon à amoindrir les coûts de production. Ensuite, ils ont voulu voir un film demo … moi je n’avais rien, enfin pas grand chose à montrer. Alors, n’ayant rien à perdre, j’ai envoyé des rocks stars. J’ai envoyé Yoko, Bowie, Alice Cooper. Ça a marché ! J’ai été recruté comme réalisateur français pour ce projet et sur des images notamment de Yoko !
A DAY IN THE LIFE
Pendant 5 ans, j’ai tourné environ 1000 interviews de 2 heures qui partaient en fin de semaine à Los Angeles en intégralité. Pendant que je tournais, c’était un plan fixe, j’écoutais et quand quelque chose me sensibilisait, je notais le time code sur un papier. Et le soir en rentrant, je visionnais ces portions faisant un bout à bout de ces témoignages. C’est de là que l’idée est venue, j’allais faire un film d’une heure (52min) de bribes. Des gens qui disent 1 phrase, 2 phrases sans aucun lien les unes avec les autres mais toutes liées avec leur histoire dans les camps nazis. C’est filmé de très près et ça parle pendant 1 heure de choses horribles et drôles. Chaque personne est coupée de 5 secondes d’images d’archives inédites que les nazis avaient tournés. Parce que les nazis tournaient les camps comme une super production puisqu’ils étaient sûrs de gagner, ils tournaient même parfois à trois caméras des travellings ! Et quand les russes sont arrivés, les nazis ont laissé les films. J’ai donc mis entre chaque témoin des images inédites des camps.
Je me suis dit qu’il fallait faire le lien avec les rocks stars.
L’INFLUENCE DE BOWIE ET DES BEATLES DANS LES DOCUMENTAIRES
Dans tout ce que je fais, il y a des citations de Lennon, de la musique, des brides de Bowie ou de Velvet Undergroud. On le retrouve dans toutes mes créations comme signature. D’entrée, dans ce documentaire, c’est horrible ! Ça commence par ces bulldozers qui poussent des cadavres, et là dessus une musique d’Iggy Pop et Bowie enregistrée à Berlin qui s’appelle Mass Production. Ce sont des cornes de brume, c’est horrible mais ça fonctionne très bien ! J’avais déjà réussi à mettre le titre des Beatles A Day In The Life parce que c’étaient des Souvenirs piqués comme cela d’un jour de leur vie. Ensuite, cette musique oppressante de Bowie suivie d’un long silence et à la fin, un amoncellement de photos d’horreurs sorties des films nazis montées sur l’accélération de la fin de A Day In The Life. A l’accord final du piano, c’est une photo de cadavre, la sublimation de la mort ! Sur cet accord, l’image fond et sur la résonance, il est marqué en gros « War is over if you want it ! ». Ce n’est pas pour rien, c’est pour la suite ça. Puis le générique de fin et je reprends le morceau en boucle qui clôture Sergeant Pepper qui dit « je ne sais pas quand ça va s’arrêter ? » et qui correspond complètement à ce film là. Tout naturellement, j’avais réussi à travers ce documentaire, à placer mes racines qui sont les Beatles et Bowie. Et si j’avais mis « war is over if you want it ! », c’est à cause d’un documentaire que j’ai tourné au Kosovo pendant le conflit. Il s’appelait War is over : les enfant blessés du kosovo. C’est un documentaire sur les victimes innocentes de la guerre que sont les civils et les enfants. J’allais à Tirana avec les militaires, on allait chercher les blessés, on les Ramenait et on les suivait dans les hôpitaux, dans les familles d’accueil de la Chaine de l’Espoir. J’avais fini ce film sur les survivants de la Shoah par cette phrase « War is over if you want it ! » parce que la leçon n’avait servi à personne étant donné que 50 ans après, on retrouvait les mêmes horreurs au Kosovo. Ce film sur le Kosovo termine également sur cette phrase de John et Yoko. Car je pourrais tourner la même chose demain en Irak. Et donc dans ce film du Kosovo, pareille, même chose, on trouve la phrase de Lennon mais aussi une seule plage musicale et comme ça tombait pendant les interviews d’Harrison, j’avais placé sur des images des Balkans la musique de Ravi Shankar et d’Harrison ce qui fait que là dedans aussi, je mettais les Beatles qui sont une espèce de signature.
3 DOCUMENTAIRES AU PROCHAIN FESTIVAL DE LORQUIN EN JUIN
Les survivants de la Shoah et le Kosovo seront présentés au festival international de Lorquin à Paris en juin. C’est un festival de films à tendance psychologique et de santé mentale. C’est un gros festival, il y a plein de belges aussi qui y viennent. Les films que je présente sont une cicatrice psychologique énorme. Et pour finir là dessus, j’ai récupéré, comme je m’intéresse au film médical des images de l’hôpital psychiatrique Saint-Anne tournées au début des années 50 durant les premières expérimentations de neuroleptique. Je me dis que c’était intéressant et que j’allais monter quelque chose là dessus quand je voyais les images des gens entravés en train de faire des crises, dans des baignoires fermées avec des poignées et des trucs horribles … Puis à l’arrivée de ces médicaments, tout est devenu silencieux, ils étaient complètement shootés. J’avais comparé cela à l’apparition du LSD, c’étaient les mêmes époques (50-60), je me suis dit : « le LSD qu’est-ce que c’est ? C’est Revolution Number Nine des Beatles ». Alors j’ai pris le morceau sur lequel j’ai mis des images de patients dans les hôpitaux psychiatriques au ralenti. Alors c’est un rapport à l’image et au son qui est incroyable. Ce cours métrage de 9 minutes sera également présenté à Lorquin et il s’appelle évidemment Revolution Number Nine. Ce sont des images qui n’ont aucun sens, des portraits complètement hallucinés avec ce morceau des Beatles en fond. Et là aussi c’est une façon de plaquer quelque chose qui est quand même lié avec les drogues. Voilà les 3 derniers projets.
DEUX INTERVIEWS RESTANTES : RINGO ET PAUL
Ringo, c’est en pourparlers et je pense que ça se fera dans l’année prochaine pour la sortie de son nouvel album. On va faire exactement le même type d’interview que pour George. Une nouvelle rencontre avec Yoko est en phase d’être acceptée. Et Paul on va voir… Avec Paul, les choses ne se passent pas de la même façon. C’est toujours très compliqué et le problème de Paul c’est qu’il ne fait confiance à personne sauf à lui. Tous les films qu’il a fait autour de promotions d’albums qu’on a vus, ce sont des films écrits par lui, faits et réalisés par lui pour le mettre en avant. Alors je pense qu’un jour ça va se faire, c’est en train de se préparer. Je pense qu’il le fera quand Ringo et Yoko l’auront fait. Mais quelque part, c’est quelque chose qui a déjà été fait en photo, ce n’est qu’une nouvelle déclinaison. Ce sont des interviews qui sont données à la façon des interviews pour Spielberg : la caméra ne bouge pas, très peu d’images d’archives, et c’est filmé en gros plan. C’est plus une discussion où l’on entend des questions et des réponses dans le but de voir que ce n’est pas monté. C’est dans une optique de reportage. C’est à dire qu’on part du principe que ce qui sera presenté au public sera la totalité de l’interview. Si l’interview est bonne, le film est bon. Si l’interview est mauvaise, le film est mauvais. C’est dit d’emblée qu’il n’y aura pas de remontage. Voilà pour les interviews Beatles.
LES FAMEUSES BANDES DU CONCERT DES BEATLES AU PALAIS DES SPORTS DE 1965
En fin d’année, il y a ce projet qui se fera pour l’anniversaire des 40 ans des Beatles aux USA et notamment au Canada. Il va y avoir énormément de publicité au Canada autour de cet événement, avec entre autres une énorme exposition de photos d’un ami qui s’appelle Michel Laverdière. C’est une des personnes qui était dans la chambre lors du bed-in et qui est producteur des albums classiques de McCartney (ndla : à ce propos, Philippe Auliac m’a confié que les gens que l’on entend sur le disque de Lennon ne sont pas les gens visibles sur la vidéo de la chambre. L’ingénieur du son de l’époque a trouvé les bandes trop mauvaises et il a donc pris des chanteurs de Montréal, dont Charlebois, pour refaire les chœurs en studio ! John ne l’a pas su à l’époque mais Yoko est maintenant au courant…). Il est aussi un des directeurs du réseau québécois des amis des Beatles. Donc il va y avoir quelque chose de très médiatique. Et le futur projet qui va avoir lieu là-bas, c’est la diffusion pour la première fois du fameux concert des Beatles au palais des ports à Paris en 1965. Puisque pour la petite histoire, ce film a été tourné par l’ORTF en 1965 par Jean-Christophe Averty qui ne pouvait pas « saquer » les Beatles et les traitait de merdeux. C’était le début de la TV et c’était resté dans les archives de l’INA pendant quelques années sur une vieille bande 1 pouce, donc oxydation, détérioration… Moi quand j’ai fait mes études de réalisateur à l’Institut National d’Audiovisuel, une des premières choses que j’ai faites c’est d’aller aux archives voir ce qu’il y avait sur Bowie, sur Lennon, sur les Beatles comme je fais toujours partout même à RTL (ndla : chaîne de télévision privée belgo luxembourgeoise). J’ai récupéré une cassette originale que j’ai dupliquée en béta. Plus tard les bandes ont disparu, les Beatles pour l’anthologie n’ont pas pu les avoir. Donc officiellement, elles n’existaient plus mais une copie etait sur mes étagères. Je les ai laissées dormir pendant un certain temps. Car ce truc là, soit tu le commercialises si tu en as le droit et tu en fais un gros truc. Soit tu le gardes pour quelque chose de bien précis, tu ne le dilapides pas comme cela. Et donc pendant environ 15 ans, le concert est resté sur l’étagère. A la suite de ce film sur les dévots de Krishna, j’ai vu qu’à Montréal, il y avait des gros fans de Beatles ; que là-bas, c’était important pour eux et qu’ils préparaient les 40 ans. J’ai donc décidé de remasteriser ce film et de le présenter au public en novembre lors de l’événement Beatles qu’il y aura là-bas, et c’est ce que tu as vu aujourd’hui. (ndla : hé oui j’ai eu cette chance et je peux vous dire que ça fout des frissons !!) ! Donc ça c’est le projet qui a abouti.
Les droits de diffusion pour le concert du Palais des Sports de 1965
Je n’en ai pas les droits mais Apple non plus, je projette le concert dans un cadre bien spécifique : projection gratuite dans un lieu ouvert à tous et pas d’entrées payantes. C’est un collectionneur qui fait montrer une pièce de sa collection. Maintenant, il est évident que dans le cadre de l’anthologie, ils ont voulu tout racheter pour que ça leur appartienne mais de ma part, ils ne l’auraient jamais eu ! Quand Paul a fait son dvd Wingspan, il a mis des annonces disant qu’il voudrait récupérer toutes les images, que les donateurs seraient crédités mas pas rémunérés. Moi qui avais filmé ces 3 minutes à l’aéroport de façon amateur mais très proche, il est bien évident que je n’aurais jamais envoyé ça. Ce sera peut-être un bonus que l’on mettra avec les interviews de Yoko et de Pete Best totalement inédites à la suite de celle de George. Il y aura peut-être aussi une galerie photo avec Ringo et Paul. Le DVD de George sera conçu en tant qu’un véritable produit Beatles.
UNE ÉCHARPE ENTRE DAVID BOWIE ET JOHN LENNON
Sinon, on retrouvera aussi quelques photos d’ex-beatles dans un ouvrage qui va paraître au mois de novembre sur Bowie. Un livre de photos de la période 1976-1978 qui s’appellera Station To Station comme le disque. Sur l’une de ces photos on voit Bowie avec une écharpe que John Lennon lui a offerte. Bowie et Lennon ont été très amis à partir de 1974. Donc, à la fin de ce livre là, qui présentera 5 séquences de 10 photos, il y aura quelques pages de texte pour présenter mon travail avec une dizaine de clichés de rocks stars. Ce sont des personnes liées à David Bowie comme Ringo Starr, McCartney, Harrison, Yoko Ono, Dylan, Franck Zappa, Jagger, Iggy Pop, Lou Reed. Il faut savoir que l’histoire de Bowie et des Beatles remonte à assez longtemps puisque Bowie était très fan des Beatles bien qu’il ait toujours dit que suite à un échec avec Apple, il ne les avait jamais écouté. Il avait posé dans les années 66 avec une statue du Yellow Submarine et, quand il a écrit Space Oditty en 1968, il a été proposer la chanson à Apple. Il a été reçu par Paul qui trouvait cela bien mais sans plus. Apple n’a donc pas édité Bowie. Quelques semaines après, les premiers cosmonautes vont sur la lune et qu’est-ce que la BBC prend comme musique qui traînait par hasard sur un bureau ? Space Oditty… Apple s’en est mordu les doigts ! Ringo est allé voir Bowie, ils sont devenus très copains à tel point que dans le film de la tournée Ziggy Stardust de Bowie, qui voit-on en coulisse en permanence en train de conseiller Bowie ? C’est Ringo Starr qui, comme Bowie, est un grand fan de Marc Bolan des T-Rex. Donc, revenons en 1974 quand Lennon apprend que Bowie arrive à New-York, il le rencontre et lors d’une soirée du style des Grammy Awards, Lennon, pour se faire excuser et reconnaître l’erreur d’Apple quelques années auparavant, donne une chanson à Bowie. C’est Across The Universe et ils l’enregistrent ensemble en 1974. Elle se trouve sur l’album Young Americans. Ils s’entendent très bien, ils se voient souvent et composent ensemble avec Carlos Alomar un morceau : « Fame ». Après cela, Lennon et Bowie ne se sont plus jamais quittés. Ils se sont vus en 1977 quand John était au japon, Bowie était là-bas aussi et c’est là que Lennon lui donne son écharpe en lui disant : « t’es mon frère ! ». Et donc, quelque part pour moi, c’est important car c’étaient mes deux idoles et elles étaient connectées ! Quand je Photographie Bowie avec l’écharpe de Lennon, c’est important car finalement tout est lié c’est pour cette raison qu’à la fin du livre sur Bowie, il y aura 10 personnages clés mais malheureusement je ne pourrai pas mettre d’images de Lennon puisque je ne l’ai jamais Photographié mais il y aura Yoko.
QUE PENSES-TU DE L’EXCESSIVE COMMERCIALISATION QU’IL Y A EN CE MOMENT AUTOUR DU PRODUIT BEATLES ?
Est ce que tout est bon à prendre ? Je ne sais pas mais tu emploies le mot « commercialisation » et c’est vraiment ça. Pourquoi tout sort maintenant ? Parce qu’au niveau des droits, on a dépassé 25 ans et que tout le monde peut faire tout et n’importe quoi. Il semble aussi qu’il y ait un accord commercial entre les ex-Beatles existants et Yoko et Olivia qui vise à distribuer le plus de produits possibles. Ils arrivent en fin de carrière et ils préparent leurs retraites mais c’est aussi parce que maintenant on a tous les médias et tout ce qui est possible en terme de piratage. N’importe qui maintenant peut piquer une image et faire une copie d’une bétacam en dv et la rendre disponible sur internet, ils veulent officialiser le plus possible. Ce qui les agaçait aussi, ce sont toutes ces reprises des Beatles par tous les groupes et McCartney avait dit : « si quelqu’un doit jouer des Beatles, c’est moi et les autres Beatles ! ». Et c’est à partir de là, il y a 10 ans, qu’il a introduit systématiquement dans ces concerts beaucoup de morceaux des Fab Four. Il faut savoir qu’auparavant, seul George avait chanté des titres des Beatles pour le Bangla Desh (Something et Here Come The Sun) et John au Madison Square Garden avait chanté Come Together. C’étaient les seuls morceaux de reprise des Beatles. Puis Paul a fait ça des années après, il a commencé avec Yesterday en 80… C’est pour ça que les concerts de Paul sont remplis de Beatles. Et quelque part tant mieux. Car c’est vrai qu’il y a des morceaux de Paul que j’aimerais beaucoup entendre en live mais je préfère entendre des morceaux des Beatles interprétés par Paul que part des inconnus car ça reste quand même eux. C’est comme Ringo : quand il chante sur scène Yellow Submarine, c’est lui ! De toutes façons, c’est la même chose ! Donc effectivement, il y a une surcommercialisation mais il y a aussi une surmédiatisation des images, les médias ont explosé. Par exemple, tout à l’heure, j’ai fait la photo dans la rue de kiosques à journaux et je voyais ici à Bruxelles des revues pornographiques à côtés de bouquins pour enfants. Ca c’est du tout bien et tout mal et on en bouffe partout. On est agressé par les images donc il en faut de plus en plus et donc Apple et les Beatles proposent aussi de plus en plus de choses pour faire parler d’eux. Donc tant mieux à mon avis pour les fans pour certaines choses… Mais je pense que tout n’est pas bon à montrer, je pense que ça ne sert à rien de mettre des bonus sur les CD’S avec des morceaux que les Beatles n’avaient pas jugés bons à l’époque. Let It Be revisité par exemple : est-ce que c’était indispensable ? Je ne sais pas
TANT QUE PAUL EST LÀ , IL POURRA FAIRE CE QU’IL VEUT
Voilà, Free As A Bird ! Je préfère autant la version originale, celle de John tout seul à son piano, c’est superbe ! On réécrit l’histoire par soi même, c’est une belle histoire… Mais Yoko a bien dit : « tant que Paul est là, il pourra faire ce qu’il veut ! » Paul n’avait jamais supporté Phil Spector qui était le copain de Lennon et d’Harrison car toute la production de Lennon et d’Harrison (et même de Ringo au début) était de Phil Spector. Et Paul ne l’aimait pas car il voulait faire de Let It Beson chef d’œuvre, son film et comme ça ne décollait pas à cause des prises de drogues entre autres, ils ont fait appel à Spector, et le disque est sorti, c’était une production typiquement « spectorienne » avec les cuivres et c’était très beau. Maintenant la version qui est sortie est belle aussi mais quel sens cela a-t-il ? Je ne sais pas. Elle est belle, je l’ai achetée le premier jour, le premier matin à la première heure parce que c’est beau aussi mais il restera toujours les deux versions. Pourquoi sortir Let It Be revisité ? Je ne sais pas ce qui se trame. Ils sont en train de retravailler sur 2 dvd’s : je pense que Let It Be va sortir bientôt puis il y aura aussi le Shea Stadium. Affaires à suivre…